M. Canteneur vous serre la pince (04/12/2015)

Le 27 août 2015, Paris Notre-Dame présentait M. Canteneur, nouveau directeur diocésain, sous le titre : « L’école catholique doit être un lieu de convictions fortes. » L’article ne dit pas quelles sont ces convictions, fortes ou non. Par contre, on y découvre le style vaseux et cauteleux du nouveau directeur diocésain. Et surtout une technique pastorale nouvelle : la théologie manuelle.

A la question : « Quelle ambition l’enseignement catholique se donne-t-il à Paris ? », M. Canteneur répond (je cite in extenso l’extrait qui figure sur le site de l’enseignement catholique de Paris) : « Nous voulons permettre la croissance des jeunes à travers la recherche de la vérité. J’évite de définir le fameux “caractère propre” du privé en termes de catéchèse. Il s’agit d’une réalité bien plus vaste. Il nous faut une école où la communauté éducative lie l’élève à son maître dans une relation chaleureuse, ouverte à la grâce reçue par l’autre, tout en gardant l’exigence intellectuelle... L’école n’est pas une paroisse, ni le lieu de la vie sacramentelle ! C’est le lieu où il faut révéler le Christ à travers la connaissance et le service, la poignée de main, l’attention au plus faible... »

Le style est contourné, mais on lit avec bonheur les mots « recherche de la vérité ». L’Evangile dit en effet que le Christ est « le chemin, la vérité et la vie ». Et un moyen de le connaître est le catéchisme. M. Canteneur fait même de cette recherche de la vérité une condition préalable, puisque la croissance des jeunes se fait « à travers la recherche de la vérité », et non la recherche de la vérité à travers la croissance des jeunes.

De plus, les statuts de l’enseignement catholique le définissent comme une « mission d’Eglise ». Il s’agit sans doute de l’Eglise « une, sainte, catholique et apostolique » dont il est question dans le credo, dont les apôtres ont annoncé l’Evangile à haute et intelligible voix. Le christianisme est la religion de la parole, notion qui ramène irrésistiblement à l’Evangile et, de fil en aiguille, à la catéchèse. Or, par une volte-face stupéfiante, M. Canteneur « évite » au contraire de définir le caractère propre « en termes de catéchèse ».

Ce « fameux » caractère propre embrasse, dit-il, « une réalité bien plus vaste ». Il n’est donc pas fumeux comme on le croyait ; il est cosmique. Perdu dans cette vastitude, l’esprit de M. Canteneur s’égare en platitudes, souhaitant que « la communauté éducative lie l’élève à son maître dans une relation chaleureuse, ouverte à la grâce reçue par l’autre, tout en gardant l’exigence intellectuelle ». Il semble croire que les écoles laïques sont peuplées d’êtres aux mains molles et moites, car, selon lui, ce sont « la connaissance et le service, la poignée de main, l’attention au plus faible » qui peuvent « révéler le Christ ». Autrement dit, une poignée de main chaleureuse, dans un établissement public, serait déjà une atteinte à la laïcité !

M. Canteneur dédaigne la parole. C’est « la poignée de main » qui révèle le Christ. La foi se transmet par capillarité, de main en main, comme la grippe ou la gale. Et dire que pas une ligne du catéchisme n’est consacrée à l’art de serrer les paluches ! Dans ces conditions, il est en effet inutile que les écoles dispensent le moindre enseignement religieux, ou préparent aux sacrements ceux qui le désirent ; elles ne sont d’ailleurs pas « le lieu de la vie sacramentelle ».

Ces quelques lignes méritaient d’être lues avec attention : elles sont un programme, dont la réalisation est déjà en bonne voie.

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