Double usurpation des directions diocésaines (15/12/2015)

Les directions diocésaines ont confisqué aux chefs d’établissements un droit que la loi leur reconnaît : celui de choisir leurs professeurs. Comment s’acquittent-elles à leur place de cette tâche qu’elles ont usurpée ? Si elles étaient capables de le faire mieux que les directeurs eux-mêmes, il n’y aurait (peut-être) rien à dire. Mais c’est tout le contraire, comme on va le voir.

Pour éliminer les candidats dont le profil ne correspond pas aux exigences de l’enseignement catholique, les directions diocésaines ont institué un « accord collégial », délivré par la commission d’accueil de l’accord collégial (C.A.A.C.). Cette commission fait comparaître les candidats devant un jury de deux ou trois personnes. S’agit-il de professionnels du recrutement ? Nenni. De docteurs en droit canon ? Point encore. De voyantes extralucides ? Vous n’en approchez point. Ce sont… des chefs d’établissement !

On prétend donc faciliter le recrutement par les chefs d’établissements, en confiant le tri des candidats… à des chefs d’établissements ! Après leur avoir retiré le droit de choisir qui est susceptible d’enseigner dans leur propre établissement, par quel étrange raisonnement en arrive-t-on à leur demander d’interdire ou de permettre à un candidat de devenir professeur dans n’importe quel autre établissement diocésain de n’importe quel diocèse ?

Qu’on ne prétende pas que ces jurys simplifient la tâche des directeurs. Convoquer les candidats, réunir les jurys, enfin envoyer les lettres d’acceptation ou de refus, sans oublier les commissions d’appel, tout cela exige du travail, prend du temps et coûte de l’argent. Pour un bénéfice nul, puisque les directeurs sont de toute façon appelés à rencontrer en personne, le moment venu, les professeurs qui rejoindront leur établissement.

Autre question. Tout candidat qui échoue à un concours a le loisir de le repasser l’année suivante. Bien des gens acquièrent, au cours de leur vie, des compétences nouvelles. Même un amoureux éconduit a le droit de renouveler sa demande. Mais quand un jury de la C.A.A.C. se prononce sur l’aptitude ou l’inaptitude d’un candidat, cette sentence est valable à vie.

Quels indices infaillibles permettent de discerner, en quelques minutes d’entretien, qu’un candidat ne sera jamais, de toute sa vie, capable d’enseigner dans aucune école catholique, quelle qu’elle soit ? Pour éclaircir ce mystère, nous nous intéresserons bientôt aux questions que ces commissions posent aux candidats, pour tâcher d’en déduire les critères sur lesquels ils sont censés fonder leur choix. Cela nous donnera en même temps l’occasion de rire un peu.

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