Préaccord : qu’y a-t-il sous le masque ? (29/12/2015)

Les statuts de la C.A.A.C., chargée de délivrer ou non le préaccord collégial, brillent par leur ambiguïté. L’opinion courante est qu’ils servent à éliminer les candidats dont les opinions, les valeurs ou le mode de vie entrent en contradiction avec ce que recommandent ou exigent la foi, la doctrine et la morale catholiques. Mais d’autres critères entrent en ligne de compte. Est-ce normal ?

En principe, les compétences des candidats sont évaluées par le concours organisé par l’éducation nationale. Les épreuves que subissent les candidats au C.A.F.E.P. du privé et au C.A.P.E.S. du public sont d’ailleurs exactement les mêmes. Ce que le concours n’évalue pas, en revanche, ce sont les croyances, les opinions et les mœurs des candidats.

Il est probable que l’éducation nationale trouve son mode de sélection adéquat. Si elle organise pour l’enseignement privé un concours identique, mais distinct, qui n’est qu’un concours d’aptitude, comme je l’ai expliqué, ce n’est donc pas pour laisser à l’enseignement catholique le soin d’éliminer les mauvais professeurs. C’est pour que les chefs d’établissement (et non les directions diocésaines ni aucun autre organisme, aux termes de la loi), disposant de plus de lauréats que de postes, puissent écarter ceux qui ne correspondent pas au fameux et nébuleux « caractère propre ».

Or les C.A.A.C. se prononcent (en lieu et place des chefs d’établissements) ouvertement sur l’aptitude des candidats à enseigner. C’est un procédé déloyal au vu des contrats signés avec l’Etat. Si celui-ci avait jugé l’enseignement catholique à même de valider la compétence des professeurs, leur aurait-il imposé de subir les mêmes épreuves que ceux de l’enseignement public ? Or, M. Tercinier, directeur des ressources humaines de la direction diocésaine de Paris, m’a déclaré : « On préfère recruter de bons professeurs, plutôt que des candidats catholiques. » On ne peut pas dire plus clairement que de mauvais professeurs se glissent parmi les lauréats du concours. Dans ce cas, pourquoi se soumettre à ce mode de recrutement inefficace ?

Faire du préaccord collégial un moyen de sélection sur les capacités est doublement déloyal : envers l’Etat avec qui les contrats ont été signés ; envers les candidats, qui sont jugés, selon les cas et sans en être avertis à l’avance, soit sur leurs capacités (supposées), soit sur leur adéquation insuffisante… ou trop grande… avec le catholicisme.

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