Sartrouville : la direction diocésaine est muette ? (20/01/2016)
Le 5 janvier, un instituteur de l’école Saint-Martin de Sartrouville a été arrêté pour des attouchements à l’encontre d’élèves, des garçons de huit à onze ans. Après avoir nié, il a avoué, et le parquet de Versailles a dressé un réquisitoire supplétif pour viol. Que faut-il cacher dans cette affaire ? Le fait que l’école est catholique ? Ou que l’instituteur en question est homosexuel ? Sans cacher ni l’un ni l’autre, tâchons de poser les bonnes questions.
Aucun journal qui s’est fait l’écho de cette affaire n’a omis de signaler qu’elle concernait une école catholique. Mais seul le Parisien, premier à la relater, signale l’existence d’un « compagnon », fait sans doute jugé sans importance ou trop vulgaire par des journaux plus distingués. Il est permis de croire qu’il ne s’agit pas d’un compagnon qui marche à quatre pattes, mais sur deux jambes, puisqu’il a été entendu comme témoin par la police.
M. Olivier Roucher, directeur diocésain, a indiqué que l’instituteur serait suspendu dans l’attente de la fin de l’enquête. C’est aimable de le dire, mais le pouvoir de suspendre un enseignant appartient au chef d’établissement et au recteur d’académie, pas au directeur diocésain.
Par cette déclaration, M. Roucher semble se poser en recours. Mais, au fait… Qui a nommé cet instituteur ? La réponse est donnée par le statut de l’enseignement catholique de 1992 : le directeur diocésain « nomme les chefs d’établissements qui relèvent de la tutelle diocésaine ». Le statut de 2013 est plus flou sur la question. Mais comme il signale (art. 66) que « la nomination d’un enseignant suppose toujours l’accord du chef d’établissement », il en résulte que ce n’est pas le chef d’établissement qui nomme ; car à quoi bon préciser qu’il doit être « en accord » avec une nomination qu’il ferait lui-même ?
Chose remarquable : la direction diocésaine « nomme » les maîtres, mais n’en est pas l’employeur. C’est une astuce qui lui permet de tout décider, de tout régenter, sans jamais être responsable de rien.
D’autre part, avant d’être nommé, cet instituteur a obtenu le « préaccord » de la C.A.A.C., commission qui se propose notamment de vérifier l’« adéquation » entre le projet personnel du candidat et le celui de l’enseignement catholique. Il serait instructif d’apprendre quel aréopage de voyants extralucides composait le jury de la C.A.A.C. qui a rendu cette décision dans ce cas particulier. Il serait intéressant d’apprendre si la direction diocésaine a informé la directrice et l’O.G.E.C. (cosignataires du contrat de travail) de cet aspect de la vie du candidat qu’elle lui a proposé (ou imposé). Il serait éclairant, enfin, d’apprendre si les parents, notamment ceux qui lui ont confié leurs enfants pour des cours particuliers à son domicile (où les faits se sont produits), en avaient été avertis.
Mais, dira-t-on, les mœurs de cet instituteur appartiennent (ou appartenaient) à sa vie privée ? C’est compter sans les discours de M. Roucher lui-même. Je ne citerai pas in extenso l’éditorial qu’il publie sur le site de la direction diocésaine des Yvelines, lequel, par un heureux hasard, porte le titre : l’Enseignement de la morale à l’école. On n’en devine que trop le style flasque et contourné (il n’y a qu’une seule faute d’orthographe, mais la ponctuation danse la samba). On peut y relever l’affirmation que « l’enseignement favorise une éducation totale, personnelle et sociale » Et plus loin : « … Chacun de nous, dans la transmission des savoirs et dans la relation qu’il instaure dans la classe, au sein de l’établissement, […] est un acteur de la formation morale. »
Il semble que l’instituteur en question ait mis un zèle tout personnel à mettre ces injonctions en pratique ; à moins qu’il n’ait interprété à sa manière la citation de saint Augustin qu’on trouve en note : « Aime et fais ce que tu voudras » ?
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