Stanislas : les parents sont las (27/01/2016)

Voici le texte intégral de la lettre envoyée par le bureau de l’association des parents d’élèves du collège Stanislas, à Paris, à Mme Saliou, présidente de l’Apel nationale, à propos de l’approbation de la réforme du collège par cette association. Cette lettre étant très claire, au contraire des déclarations des responsables de l’enseignement catholique et de l’Apel nationale, elle n’appelle aucun commentaire pour l’instant.

« Paris, le 22 janvier 2016.

« Madame la Présidente,

« L’Apel nationale, que vous présidez, a apporté – le jour même de sa présentation – un soutien clair et sans ambiguïté à la réforme du collège annoncée par le ministère de l’éducation nationale le 11 mars 2015.

« Malgré les nombreuses réactions que cette prise de position si rapide a provoquée chez beaucoup de parents d’élèves, votre site internet continue de faire la promotion de cette réforme sous le titre : “Pourquoi l’appel soutient la réforme du collège”, sans pour autant y développer d’argumentaire sur le fond au-delà d’un rapide résumé.

« Ce soutien a été renouvelé lors du vote de l’Apel nationale en faveur des nouveaux programmes lors du conseil supérieur de l’éducation du 9 octobre 2015, sans plus d’explication ni de communication.

« L’Apel Stanislas s’est donc livré à une analyse des textes qui s’est voulue la plus complète et factuelle possible, dans le but de comprendre ce qui pouvait motiver le soutien de l’Apel nationale à cette réforme.

« Comme vous le lirez, nous pensons que cette réforme est techniquement inadaptée et intellectuellement dangereuse.

« Techniquement inadaptée car son application, d’une extrême complexité, va considérablement alourdir la gestion des programmes et des enseignants par les directeurs d’établissement. En outre, elle oblige les enseignants à inventer des séances pluridisciplinaires dont la portée reste vague, qui mobilisent un nombre d’heures conséquent alors même que cette approche n’a jamais fait ses preuves dans les formes qui l’ont précédée, et que les enseignants, sur qui elle repose, y sont largement opposés.

« Intellectuellement dangereuse car elle poursuit l’entreprise d’appauvrissement général de l’enseignement en nivelant le niveau des collégiens par le bas et en supprimant tout ce qui pouvait offrir un peu de personnalisation dans les profils et les besoins si variés des collégiens. Ce n’est pas en supprimant les filières d’excellence qu’on augmente les capacités de réussite des plus faibles.

« En revanche, on renforce le concept dépassé du collège unique en visant une sorte de “collégien unique”.

« Sur le chapitre dédié au sujet de la réforme du collège sur votre site internet, vous soutenez que “l’enseignement catholique et ses partenaires y sont également favorables”. Sans trouver beaucoup plus d’analyse critique de fond, nous avons effectivement pu lire que certains acteurs de l’enseignement catholique considéraient que la portée de cette réforme était limitée pour nos établissements. Nous le déplorons.

« Nous considérons que l’école privée n’a absolument aucun intérêt à regarder le collège public se dégrader. Nous réaffirmons que nous inscrivons nos enfants dans des établissements privés catholiques par adhésion aux projets éducatifs qui y sont élaborés dans la foi catholique et non pas, par défaut, pour fuir un collège public dont la qualité de l’enseignement serait amoindrie.

« Au contraire, nous pensons que notre responsabilité est d’œuvrer au bien de tous et donc de contribuer à l’amélioration du collège public.

« Nous vous demandons donc, Madame la Présidente, que soit pris le temps d’une revue critique de la position exprimée par l’Apel nationale à la lumière des analyses qui ont pu être menées sur la base des décrets et autres textes d’application et des contributions multiples apportées par de nombreux professionnels.

« Nous vous demandons également que soit clairement manifestée, dans le journal de l’Apel nationale et lors du congrès de juin 2016, la volonté de reconstruire la confiance avec des milliers de parents qui se sont sentis mal représentés et ignorés ces derniers mois.

« Madame la Présidente, il est donc encore temps de faire entendre une voix forte pour influer sur ce qui peut encore l’être. La façon dont l’Apel nationale gérera la réponse à ces attentes ne pourra que peser significativement lors des prochaines élections des différentes instances locales et nationales.

« Nous vous prison d’agréer, Madame la Présidente, l’expressions de notre respectueuse considération.

« Pour le bureau de l’Apel Stanislas,

« Philippe de Montferrand, Aymeric Le Clère, Didrik Auss. »

[Suivent six pages d’analyse sur la réforme du collège.]

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