Ne m’appelez plus « diocésaine » (08/02/2016)
Les directions « diocésaines » de l’enseignement catholique sont-elles vraiment des services diocésains, ou cette appellation est-elle usurpée ? Parents, chefs d’établissements, croyez-vous que la direction diocésaine de l’enseignement catholique est sous l’autorité de l’évêque, comme le sont le service des vocations ou du catéchuménat ? Vous vous trompez, parce qu’on vous trompe.
L’éducation, mission ecclésiale mais pas cléricale, n’incombe pas à l’évêque, surtout quand on appelle « éducation » ce qui n’est que l’instruction. Les évêques prescrivent-ils aux écoles les programmes qu’elles doivent suivre, la tenue qu’elles doivent imposer aux élèves, les titres que doivent posséder les professeurs, ni quoi que ce soit qui ne relève pas de l’enseignement de la foi ?
L’expression « enseignement diocésain » est trompeuse : à moins d’être instituées par l’évêque lui-même, comme les écoles cathédrales ou les séminaires, les écoles n’en dépendent qu’en ce qui concerne leur caractère catholique, la manière dont la foi y est enseignée, ce qui découle de l’autorité de l’évêque en matière d’accession des fidèles aux sacrements et concerne d’ailleurs aussi bien les aumôneries des écoles laïques. Le seul droit et devoir de l’évêque est de dire si, oui ou non, une école est catholique. Or s’assurer que le Christ est présent dans une école catholique est souvent le cadet des soucis des directeurs diocésains !
Etre catholique, c’est être dans la communion de la foi, faire partie d’un corps ; pas relever d’une administration. Les pouvoirs du directeur diocésain qui ne lui sont pas « délégués » par l’évêque sont usurpés, notamment grâce au C.O.D.I.E.C., qui lui permet de se substituer en même temps à l’évêque, aux parents, aux chefs d’établissements, aux O.G.E.C., voire aux congrégations et aux curés.
Remarquons que les écoles hors contrat, à qui les directions « diocésaines » refusent de toutes leurs forces la qualité de « catholiques », ne sont pas hors de l’Eglise, dès lors que leurs pasteurs sont dans la communion avec Rome ; ni hors du diocèse, puisque des prêtres diocésains y officient, quelquefois avec une mission de l’évêque. Si on évite de les nommer « aumôniers », c’est pour ne pas froisser l’autorité sourcilleuse des directeurs « diocésains ».
Sur le site du diocèse de Versailles, par exemple, le seul personnage cité au titre de l’enseignement catholique est le responsable de la pastorale, nommé en toute légitimité par l’évêque. Pour le reste, on est renvoyé au site de l’enseignement catholique, qui est bien distinct, et pour cause. Même chose sur le site du diocèse de Paris : rien sur l’enseignement catholique, qui a son propre site.
L’enseignement catholique est une administration ni cléricale ni ecclésiale. Ses statuts disent que l’interlocuteur « privilégié » du directeur diocésain n’est pas l’évêque, mais le secrétaire général, nommé par une conférence épiscopale sans autorité canonique. Si bien que le directeur diocésain obéit aux directives d’un secrétariat général qui échappe à l’autorité de l’évêque du lieu. Il y a une double hiérarchie, l’une légitime et l’autre non.
La direction « diocésaine » porte-t-elle ce nom parce que son territoire est celui du diocèse ? Mais ce n’est pas toujours le cas. Ainsi, sur le site de l’évêché de Cahors, on trouve quelques liens concernant l’enseignement catholique, mais aucun nom ni aucune adresse. Et pour cause : M. Bauquis, directeur « diocésain » de cet évêché en même temps que de celui de Rodez, est nommé par deux évêques à la fois. Ne faudrait-il pas l’appeler « interdiocésain » ?
Outre les C.O.D.I.E.C., il existe des comités régionaux (C.R.E.C.) et des comités académiques (C.A.E.C.), dont juridiction ne correspond pas à celle d’un diocèse mais dont le secrétaire général est aussi le directeur diocésain. Si bien que ce personnage sans existence légale échappe en outre à toute autorité cléricale.
Les directeurs « diocésains » n’ont rien de diocésain. Le langage clérical et le ton doucereux qu’ils se plaisent à employer ne doivent pas tromper le monde : les parents d’élèves et les écoles ne leur doivent ni respect ni obéissance.
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