Mme Saliou, à votre service (15/02/2016)

En apprenant que Mme Saliou se rendait dans le Quercy, on aurait pu se dire qu’elle volait au secours des Apel locales malmenées par les abus de la direction diocésaine. C’est mal la connaître. La présidente de l’Unapel, chevalier de la Légion d’honneur par la grâce de M. Peillon, ne s’abaisse pas à arbitrer les querelles de clochers, ou à défendre un vulgaire collège de province. Elle est non seulement décorée, mais aussi décorative. Si elle s’est rendue dans le Lot, c’et pour honorer de sa présence la présentation du nouveau « projet pédagogique » du directeur diocésain.

Mme Saliou se rendait à l’invitation de M. Bauquis, directeur diocésain (ou plutôt interdiocésain, puisqu’il sévit à la fois dans le Lot et l’Aveyron). Voulait-elle se faire auprès de lui l’écho des doléances des parents d’élèves du collège du Sacré-Cœur de Sévérac-le-Château ? Ce n’est pas son genre. A-t-elle levé le petit doigt pour la Providence de Pas-en-Artois ? Non. S’intéresse-t-elle au sort de l’école Sainte-Philomène de Fretin ? Non plus. Daigne-t-elle se pencher sur le cas de l’école Saint-Joseph d’Ambrières-les-Vallées ? Toujours non.

Vous n’avez jamais entendu parler de ces affaires ? C’est normal. Quand on consulte les documents mis en ligne par l’Apel nationale, on ne trouve que des nouvelles d’intérêt local, comme l’annonce de la galette des rois d’un collège de Marseille, comme si les parents d’élèves de Lille allaient aussitôt affréter un train spécial pour ne pas manquer cet événement sensationnel !

Mme Saliou veut bien condescendre à laisser ses subordonnés relayer les petites annonces des établissements. Ce n’est pas pour ça qu’elle accepte de se commettre avec le menu fretin. Quand on préside l’Apel nâtionâle, on se doit de voir grand. On fréquente le beau linge, on est dans les petits papiers du tout-puissant M. Balmand, on rencontre les évêques. On trône à la tribune lors la présentation du nouveau « projet pédagogique » de la direction diocésaine du Lot.

Du reste, avec tous ces projets pédagogiques, on ne sait plus où donner de la tête. Le secrétariat général a le sien, chaque direction diocésaine a le sien, et chaque école a le sien. Leur seul point commun est de rarement contenir le mot « catholique ».

C’est le 13 février, en la prestigieuse salle polyvalente de Lacapelle-Marival, qu’a eu lieu cette cérémonie. Quand on sait que ces documents se contentent d’égrener les notions les plus vagues et les moins définies, on se demande si cela valait le coup de payer le voyage à M. Balmand, à Mme Saliou et à toute la clique. M. Bauquis, toujours poète, donne la réponse : il s’agit de « médiatiser leur secteur d’activité ».

En fait de « projet pédagogique », il s’agit plutôt d’un projet commercial. Fidèle à son style, M. Bauquis a abreuvé les journalistes de chiffres : trois mille élèves… cinquante de plus… ce qui traduit une « montée en puissance ». Mais il précise : « Pour faire de belles écoles, il faut de l’argent. » Nous y voilà ! Les chiffres, les journalistes les ont bien entendus. Mais les mots « catholique » ou même – ne soyons pas trop exigeants – « chrétien » ne leur ont guère frappé l’oreille.

Que trouve-t-on parmi ces « grandes orientations » ? Toujours les mêmes balançoires qu’on nous sert jusqu’à la nausée : un enseignement « personnalisé », « toujours plus ouvert sur le monde et les autres », sans oublier la célèbre tautologie de la « relation à l’autre ». Il est aussi proposé de « multiplier les liens avec les parents d’élèves ». Quel sera l’« acte matérialisé » de cette liaison ? La fameuse « charte éducative de confiance » mitonnée par M. Balmand… inspirée de la « charte de la laïcité » imposée à l’enseignement public, et que les parents seront invités à signer bien gentiment.

Comme on le voit, Mme Saliou est toujours prête à rendre service. Reste à savoir à qui. Les parents qui adhèrent à l’Apel sont libres de juger si leur cotisation est ainsi employée à bon escient. Mme Saliou, elle, pense que oui. Et elle a fait un excellent voyage, merci.

P. S. Pour détendre l’atmosphère, je propose un petit jeu : dans l’illustration ci-dessus, quel personnage symbolise Mme Saliou ?

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