Notre-Dame de Chartres : prière interdite ! (18/02/2016)

Les sermons et les homélies des directeurs diocésains ne sont pas les meilleurs dans ce genre littéraire. Et, surtout, ils contrastent avec la réalité qu’on peut observer dans les établissements. Plus les directeurs diocésains se prennent pour des ecclésiastiques, et plus les écoles se sécularisent. Ce n’est pas seulement le fruit d’une négligence. C’est le résultat délibéré d’une politique insidieuse, mais qui sait se faire autoritaire à l’occasion. Un exemple à Chartres.

Pendant trente-cinq ans, M. de La Brunetière a commencé ses cours par une prière. Dans un établissement catholique, en l’occurrence Notre-Dame de Chartres, cela ne paraît pas déplacé. Tel n’était pas l’avis du directeur de l’époque, auteur de la lettre comminatoire reproduite ci-dessus. Document remarquable par le fond mais aussi par la forme, puisqu’il contient un grosse faute de française dont j’informe M. Lhoste (puisqu’il n’est jamais trop tard pour s’instruire) qu’elle découle du fait qu’« interdire » est transitif et que « sommer » ne l’est pas.

Dans le « mot de la direction » qu’on peut lire sur le site de cet établissement, il est indiqué : « La dimension chrétienne au collège prend tout son sens. Elle est présente dans notre proposition de la foi, elle transparaît aussi dans notre capacité à écouter nos élèves. » Admettons que la « dimension chrétienne » transparaisse dans la capacité à écouter les élèves. Cela supposerait à contrario qu’un établissement public aurait le devoir de ne pas les écouter, sous peine de contrevenir à la laïcité. J’ignore de quelle théologie cette affirmation découle. Les sept dons de l’Esprit qu’on reçoit lors de la confirmation sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la connaissance, l’affection filiale et la crainte de Dieu. Les trois vertus théologales sont la foi, l’espérance et la charité. Les quatre vertus cardinales sont la prudence, la justice, la force et la tempérance. Ni la « capacité d’écoute », ni même la finesse de l’ouïe, ne font partie d’aucune de ces listes.

Réduire le caractère catholique à une simple « proposition », c’est le réduire à rien. Il n’est plus qu’un service facultatif, réservé aux cas désespérés mais dont, normalement, on peut se passer, au même titre que l’infirmière, l’orthophoniste ou le psychologue. Il n’est qu’une option qui n’a même pas l’avantage de donner des points d’avance aux examens. Ou une sorte de club, comparable au club d’échecs ou de macramé.

Il ne faut pas manquer d’air pour affirmer que la dimension chrétienne « prend tout son sens » par une simple « proposition de la foi ». Dans ce cas, le seul point sur lequel une école catholique diffère d’une école laïque est que l’aumônerie se tient à l’intérieur des murs. Rien de plus. La dimension chrétienne ne prend donc pas « tout son sens ». Ce qu’une telle phrase veut dire est en fait : « Ce qui devrait être le strict minimum est ici le grand maximum. » Ce qui a pour but de ne pas faire fuir le chaland, tout en jetant un os à ronger aux catholiques.

Ne croyons pas qu’interdire la prière en classe ait valu des ennuis à M. Lhoste. Au contraire. Il n’est plus directeur de Notre-Dame de Chartres, mais, en 2010, il était indiqué comme étant « président » du C.O.D.I.E.C., ce qui est une curiosité puisque, en vertu des statuts de l’enseignement catholique, cette présidence revient obligatoirement à l’évêque lui-même ! Cette anomalie semble corrigée, puisqu’il n’est plus désigné que comme l’« animateur » de cet instrument d’ingérence de la direction diocésaine dans les affaires des établissements.

On n’ose pas prier pour qu’il y fasse du bon travail… Ce serait pourtant bien nécessaire... Mais on aurait trop peur de se faire taper sur les doigts.

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