Pas-en-Artois : les parents retroussent leurs manches (20/02/2016)
La direction diocésaine d’Arras, comme toutes les autres, se croit propriétaire des établissements qui se trouvent sur son territoire. Mais les trente-trois familles des élèves de l’école de Pas-en-Artois ont décidé de ne pas se laisser faire. Pendant que Mme Saliou, au lieu de les défendre, fait des ronds de jambes en compagnie des directeurs diocésains, les parents ont retroussé leurs manches.
La Voix du Nord du 27 janvier raconte la visite des parents d’élèves de l’école de la Providence à la direction diocésaine d’Arras. Tout ce qu’on peut lire dans cet article confirme les habitudes dictatoriales de ces administrations. Pas de concertation préalable : quand le directeur diocésain, M. Holland, eut décidé de fermer l’école, il se contenta d’en informer les parents… par un mot dans les carnets de correspondance des élèves ! On n’est pas plus délicat.
« Vous vous foutez de nous ! » lui ont dit les parents d’élèves venus lui demander des explications. « Vous essayez de nous endormir avec vos discours ! » C’est mal élevé de parler ainsi ? C’est surtout lucide. « Pendant dix ans, on ne vous a pas vu, on s’est débrouillé quand il y avait des problèmes avec la directrice », ont fait observer les parents. (Directrice nommée, soit dit en passant, par le directeur diocésain.)
Prétexte à la fermeture : les services de l’Etat ont décidé de faire fermer les cuisines, qui ne sont plus aux normes. Ce n’est pas bien grave : on fait dorénavant appel à un traiteur.
Je relève une petite erreur : la Voix du Nord parle de la fermeture de l’école « par le diocèse ». En réalité, les directions « diocésaines » de l’enseignement catholique ne sont pas des services diocésains. Cette erreur n’est pas imputable au journaliste : les directions diocésaines entretiennent avec soin cette confusion pour asseoir leur autorité en se faisant passer pour ce qu’elles ne sont pas.
A la suite de cette visite, les parents ont obtenu un sursis jusqu’en janvier 2017, à charge pour eux de remettre les locaux en état. Coût estimé : 60 000 €. Mais les pères de famille ont retroussé leurs manches pour faire eux-mêmes les travaux. La comtesse de Pas, dont la famille est propriétaire des murs, a été une des premières à apporter sa contribution financière. Il n’y a qu’une chose à leur dire : bravo ! Ces familles ont tout à gagner à prendre leur destin en main, plutôt que de compter sur ce qui n’est qu’une administration qui n’a cure des besoins et des désirs des parents, et considère les écoles comme de vulgaires filiales. En s’unissant pour sauver leur école, ces parents renouent avec l’esprit véritable de l’enseignement catholique, et avec leur propre histoire. Ils en récolteront les fruits.
Il reste deux observations à faire. La première est que ni l’Apel départementale, ni l’Apel nationale n’ont levé le petit doigt (sauf pour tourner leur petite cuiller dans leur tasse de thé), alors que les parents d’élèves cotisent (d’office) à ces associations. La seconde est qu’il existe un fonds de solidarité à l’échelon diocésain. Les parents cotisent aussi à ce fonds… sans le savoir. A quoi sert cet argent ? Qui le gère ? Mystère.
Remarque subsidiaire : les murs de l’école appartiennent à la famille de Pas. Or, la politique discrète mais constante des directions diocésaine est de se rendre propriétaire des murs des écoles, afin de s’en rendre maîtresses. Faisons le rapprochement avec le Sacré-Cœur de Sévérac-le-Château : la direction diocésaine voudrait faire fermer un collège… pour en ouvrir un autre ailleurs dont, cette fois, elle serait propriétaire.
L’argent ne manque que quand on veut qu’il manque. M. Gautier, ancien directeur diocésain de Paris, se vantait du fait que « l’enseignement catholique n’a jamais été aussi riche ». Quand le projet n’a pas l’heur de plaire au directeur diocésain, les cordons de la bourse restent serrés. Mais dans le cas contraire, il coule soudain à flots (j’ai un exemple très semblable sous les yeux, dont je parlerai le moment venu). D’où vient-il ? Qui le gère ? C’est un mystère que je me suis promis de rendre un peu moins épais, un de ces jours.
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