Apel : des présidents tombés du ciel ? (16/04/2016)

Beaucoup d’associations se donnent des présidents dont la carrière fait honneur à ceux qu’il représente. Quelqu’un que des années de métier ont rompu aux entreprises complexes et aux négociations difficiles. Quelqu’un qui ne se laisse impressionner ni par la morgue des hauts fonctionnaires, ni par l’aplomb des ministres, ni par les manigances du secrétariat général. Quelqu’un qui a fait ses preuves et, le cas échéant, à la boutonnière de qui la Légion d’honneur brille déjà. Tel n’est pas le cas de l’Apel. Ses présidents sont toujours de parfait inconnus. Pourquoi ?

On pourrait se dire que c’est pour se donner un caractère authentique et démocratique l’Apel tient à choisir ses présidents parmi les braves pères et mères de famille anonymes. Des présidents à la bonne franquette, en quelque sorte. Il y a une autre manière de voir les choses : c’est de dire que l’Apel choisit ses présidents parmi ses apparatchiks.

Ils sont certes « élus », bien que le dernier numéro de Famille et Education se garde bien de rappeler que le congrès de Marseille comporte une élection. Car qui dit élection dit candidats. Et qui dit candidats dit programmes. Et qui dit programmes dit sujets de discussion. Mais, de la réforme du collège, grand sujet du moment, on ne saura pas ce que pense Mme Saliou. Et pour cause : elle n’en pense rien ; elle répète ce que M. Balmand lui dit de dire. On ne saura pas non plus ce qu’en pense ses concurrents : apparemment, cette élection comporte un candidat unique.

Placer des gens sans envergure à la tête d’une association qui se targue de rassembler neuf cent mille familles ne peut pas être autre chose qu’un choix délibéré. Chacun sait que l’enseignement privé ne recrute pas exclusivement parmi les prolétaires et les analphabètes (on le lui reproche assez !). Il serait facile de dénicher, parmi les parents d’élèves, quelqu’un qui exercé de hautes responsabilités dans l’industrie, le commerce, la diplomatie, le droit, que sais-je encore, et disposé à mettre son talent, son expérience et sa notoriété au service d’une noble cause.

En fait, il est bien plus utile, pour l’administration de l’enseignement catholique, de propulser vers de hautes responsabilités des personnes qui, sans cela, n’auraient eu aucune chance de serrer un jour la pince aux ministres et aux prélats, ni de remplir les pages des journaux de leur prose verbeuse, ni de poser en couleur sous l’objectif d’un photographe professionnel, ni de prononcer des discours en tailleur fuchsia derrière un pupitre, ni surtout, cerise sur le gâteau, de recevoir la Légion d’honneur.

On dispose ainsi d’un président inexpérimenté, qu’on peut former à sa guise, qu’on espère éperdu de reconnaissance d’une telle promotion. Et qui ne se hasarde guère à jouer les trublions, à contrecarrer les projets du secrétariat général ni même, bien entendu, ceux du ministre (ce qui, dans bien des cas, revient au même).

Un fait, plus que n’importe quel autre, montre que l’Apel est devenu un simple croupion du secrétariat général, c’est la carrière de M. Mirieu de la Barre : président de l’Unapel de 1988 à 2002, il a ensuite été… secrétaire général de 2007 à 2013. Il est, certes, utile que le secrétariat général et l’appel ne soient pas en guerre continuelle. Mais quand l’esprit « constructif » mène à la collusion et la confusion, il en résulte ce que, dans l’administration ou dans les affaires, on appelle un conflit d’intérêt.

De ces observations, on peut conclure que deux personnes, au moins, souhaitent ardemment la réélection de Mme Saliou à la tête de l’Apel : M. Balmand, secrétaire général, dont Mme Saliou est la créature et la caution, quand bien même les projets généraux et locaux qu’il soutient soulèvent l’opposition massive des parents ; et Mme Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale. Tous les moyens, même démocratiques, seront mis au service de cet objectif.

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