Je suis mal informé… Mais qui nous informe ? (27/04/2016)

Une commentatrice m’informe que je suis mal informé. Ça tombe bien : c’est justement ce dont je me plains ! Conan Doyle a mis dans la bouche de Sherlock Holmes la phrase suivante : « Personne n’aime vous renseigner, mais tout le monde aime vous contredire. » C’est en vertu de ce principe que nous allons apprendre, par cette personne bien informée, une partie de ce que les organes officiels de l’Apel passent sous silence.

Ma commentatrice écrit : « Tout membre de l’Apel sait que les élections présidentielles se font lors du congrès qui se passe tous les deux ans. » Ça va sans dire… mais ça va mieux en le disant. J’observe que ni Famille et Education ni aucun autre des nombreux organes d’information en ligne de l’Apel ne soufflent mot de cette élection ni de ses modalités. Celles-ci sont prévues dans les statuts de l’Apel, lesquels sont curieusement introuvables sur tous les sites concernés.

Avec l’air entendu qui s’impose, ma commentatrice déclare : « Et je vous informe qu’il y a une équipe qui se porte candidate contre Mme Saliou et M. Hillaire. » A la bonne heure ! Mais pourquoi ne pas citer le nom de ces candidats ?

Ma correspondante m’explique que ces mystérieux candidats sont aux prises avec d’innombrables difficultés, animés de sentiments mauvais et hypocrites. « Bien évidemment, dit-elle, ils mettent en avant la défense du caractère propre. » J’aime ce « bien évidemment », car le zèle des responsables de l’enseignement catholique à défendre ce « caractère propre » est aussi ardent que la terreur qui les saisit dès qu’il s’agit d’en définir le contenu.

Ma correspondante m’explique combien les positions de ces candidats anonymes sont ambiguës à propos du « mariage pour tous », de la théorie du genre (à laquelle MM. Balmand et Canteneur apportent une approbation discrète), de la fronde des Apel des Chartreux de Lyon et de Stanislas. Que de sujets encore dont on ne parle jamais ! Apparemment, dans les couloirs, dans les cercles autorisés, on en parle… Mais le faire au vu et au su des adhérents ne serait sans doute ni « positif » ni « constructif », selon les critères de Mme Saliou.

On veut nous faire croire que le congrès a pour but de discuter d’un sujet quelconque, de préférence fourre-tout (en l’occurrence « pourquoi l’école »), et que, tant qu’on y est, on en profite pour élire le président. Or c’est tout le contraire. C’est l’élection qui est la raison d’être du congrès. Le reste n’est qu’une aimable distraction, un spectacle, et, pour tout dire, une opération de camouflage.

On pourrait certes répondre que je n’ai pas à être informé, puisque je ne vote pas au congrès. Mais ceux qui y votent, ceux qui sont bien informés, qui sont dans les petits papiers, qui chuchotent ce qu’on voudrait entendre dire à haute et intelligible voix, ne sont-ils pas nos représentants ? Ne serait-il pas légitime que les simples adhérents sachent qui vote, et pour qui, et sur quel programme ? Et que les « représentants » rendent des comptes à ceux qu’ils représentent ?

N’est-il pas étonnant que les candidats alternatifs n’aient nulle part l’occasion de s’exprimer, plutôt que de voir leurs positions rapportées par accident et par de tierces personnes ?

Mais voilà, les responsables de l’Apel ne veulent à aucun prix qu’on parle de la réforme du collège si hâtivement approuvée (ni des pressions qui ont précipité cette approbation), de la théorie du genre, de l’absence de pastorale dans certains établissements, ou encore des écoles supprimées manu militari par les directions diocésaines, ou encore des invitations adressées, à l’insu des parents, aux militants du Planning familial. Il y aurait pourtant là des sujets de reportage pour Mlle Bocquet, journaliste de haute volée de Famille et Education qui, à force de patience et d’audace, a réussi le tour de force d’arracher un entretien à cet illustre personnage qu’est Mme Saliou, le tout accompagné de photographies avantageuses. Mais sans penser à préciser qu’il s’agissait de propagande électorale, ni qu’il existait des candidats concurrents.

C’est ainsi que ma commentatrice peut conclure, avec le ton condescendant qui s’impose : « Vous voyez… vous êtes mal informé ! » Mais à qui la faute ?

 

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