Difficile réveil pour l’enseignement catholique (29/04/2016)

La bonne grâce avec laquelle le secrétariat général de l’enseignement catholique et l’Apel ont approuvé la réforme du collège en ont laissé plus d’un pantois. Que penser de cette approbation ? Depuis quelque temps, j’entendais dire que des pressions avaient été exercées par le ministère : c’est le S.N.A.L.C. de Créteil qui, le premier, m’a averti que des pressions avaient été exercées sur l’enseignement catholique. Cette information, révélée par un syndicat laïc mais tue par les responsables de l’enseignement catholique, est désormais confirmée.

Famille chrétienne rapporte que « lors des réunions d’information sur la réforme dans les académies, certains émissaires du ministère ont proféré des menaces sur les contrats d’association des collèges qui n’appliqueraient pas la réforme à la lettre. A une question sur l’autonomie dont disposerait l’enseignement catholique, une enseignante du privé s’est entendue répondre : Le recteur a été catégorique : le privé sera inspecté dès la rentrée. L’établissement qui n’appliquera pas la réforme perdra son contrat d’association immédiatement… » Dans une note du 8 décembre 2015, la direction générale de l’enseignement scolaire affirmait que « le non-respect de ces règles par un établissement privé pourrait être regardé comme une atteinte portée aux obligations qui résultent du contrat souscrit avec l’Etat et dès lors à sa possible résiliation ».

Il est assez révélateur que ni le secrétariat général ni l’Unapel n’aient fait état de ces menaces. C’était pourtant une information digne d’intéresser les écoles comme les parents (que l’Apel est censé « représenter »). Mais, pour ces gens, le silence est d’or comme le ruban est rouge.

Il faut tout de même noter que le ministère a parfaitement raison. Les contrats que les établissements (et non le secrétariat général) ont signés avec l’Etat leur imposent de suivre les programmes de l’enseignement public. Quand on s’en est remis à quelqu’un d’autre pour définir ses programmes, on n’a pas à les discuter. On n’a qu’à les appliquer, ou à rompre le contrat.

En réalité, le secrétariat général n’a aucune compétence pour édicter ou apprécier les programmes. Car l’enseignement catholique n’est pas, au contraire de l’enseignement public, une vaste administration, mais un réseau d’établissements qui ont chacun leur personnalité propre. Le secrétariat général n’est (ou ne devrait être) qu’un organe de dialogue, de service et d’information. Drapé dans la dignité faussement ecclésiastique que lui confère la nomination de son secrétaire général par la conférence des évêques, il se comporte certes comme le supérieur hiérarchique des établissements, qu’il n’est pas : ses directeurs dits diocésains se donnent les gants de nommer les professeurs ou les directeurs, qui n’ont pourtant aucun lien juridique avec eux.

Le secrétariat général de l’enseignement catholique se comporte comme une véritable excroissance du ministère. C’est par un réflexe acquis de longue date qu’il en approuve toutes les réformes. C’était pourtant l’occasion de quitter un instant ce rôle pour prendre celui (seul légitime) de porte-parole des écoles, de leurs directeurs et de leurs professeurs. Mais les secrétaires généraux de l’enseignement catholique ne veulent pas avoir l’air de syndicalistes. Ce serait vulgaire. Ils veulent avoir l’air de ministres !

On voir d’ailleurs mal en vertu de quoi le secrétariat général pourrait approuver ou désapprouver une réforme. Il faudrait arguer qu’elle serait contraire au « caractère propre », et par conséquent le définir, ce dont on se garde comme de la peste. Il est en tout cas difficile de soutenir que l’apprentissage du latin et de l’allemand en sont des éléments essentiels !

L’approbation de cette réforme par l’Unapel, au même moment et avec les mêmes mots que le secrétariat général, est encore plus révoltante. Car cette association a bel et bien pour rôle de représenter les parents. Elle l’a oublié depuis longtemps pour devenir une courroie de transmission des directives du secrétariat général et donc, par ricochet, du ministère.

Cet épisode n’est pas un accident dans une longue histoire de fidélité. C’est résultat de plus de cinquante ans de lâcheté et d’hypocrisie. Tant que cela n’avait pour résultat que de faire oublier de ce qu’est une école vraiment catholique, nul ne s’en souciait et, même, la boutique n’en prospérait que mieux. Il n’en est plus ainsi.

N’attendons pas de M. Balmand (fraîchement reconduit dans ses fonctions) ou de Mme Saliou (qui fait campagne pour sa réélection) qu’ils reconnaissent leurs propres erreurs ni celles de leurs prédécesseurs. Qu’ils les reconnaissent ou non n’a d’ailleurs aucune importance : ils sont déjà les vestiges d’un temps révolu.

 

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