M. Balmand, l’escamoteur (29/06/2016)

Les déclarations de M. Balmand on ceci d’intéressant qu’il escamote toujours une partie de la question. Par exemple, pourquoi proteste-t-il contre la soumission des écoles hors contrat à un régime d’autorisation, alors qu’il s’en accommode bien volontiers en ce qui concerne les écoles sous contrat ? Est-ce par naïveté ou par bêtise ? Ni l’un ni l’autre : c’est par calcul. Certains escamoteurs sont des magiciens. D’autres ne sont que des vide-gousset.

Balmand s’oppose à l’instauration d’un régime d’autorisation pour les écoles hors contrat. Ce qu’il oublie de dire, c’est que l’obtention d’un contrat, pour une école qui n’en a pas, n’a rien d’automatique. Pour en obtenir un, il faut, aux termes de la loi Debré de 1959, répondre à un « besoin scolaire reconnu ». Reconnu par qui ? Par l’un des signataires du contrat : l’Etat. Et non pas selon des critères fixes, objectifs et vérifiables, ni de plein droit, par le simple fait de répondre aux critères de la loi. Encore faut-il subir une inspection menée par les fonctionnaires du ministère, et qui conclut de manière arbitraire. C’est bien naturel, puisque la loi Debré réaffirme, de fait, le monopole de l’Etat en matière d’enseignement. Il s’agit donc bien d’un régime d’autorisation et non de déclaration.

Pourquoi M. Balmand, qui trouve ce régime normal pour les écoles sous contrat, le trouve-t-il anormal pour les écoles hors contrat ? La raison est simple : il défend à tout prix le statu quo, pour camoufler l’imprudence (ou la trahison) commise par ses prédécesseurs en acceptant la teneur des contrats.

A l’origine, pour pouvait parler d’imprudence, car certains (en dépit des avertissements de quelques personnes lucides) n’ont pas vu où cette soumission les mènerait. Aujourd’hui, on peut parler de trahison.

Trahison, car le système des contrats a été le prétexte de la constitution d’une bureaucratie illégitime appelée « enseignement catholique », vaste système de mise en coupe réglée des établissements et d’organisation des plans de carrière de ceux qui convoitent la direction des meilleurs établissements et les sinécures des directions diocésaines.

Trahison, car le secrétariat général a, au fil du temps, accepté sans piper mot et même avec empressement toutes les réformes pédagogiques (mathématiques modernes, méthode globale, collège unique, etc.) et toutes les modifications des programmes qui, peu à peu, ont fait perdre à l’enseignement catholique l’infinie variété qui faisait toute sa valeur.

Trahison, car l’expression « caractère propre » a cessé d’être synonyme de « caractère catholique ». Quand le catholicisme subsiste, c’est grâce aux efforts héroïques de directeurs, de professeurs, de parents et d’élèves. Jamais grâce au soutien ou à la vigilance du secrétariat général.

Cette évolution était prévisible : certains l’ont annoncée dès le début. Mais on pouvait y résister. Cela n’a pas été fait. Par paresse, par peur d’être ringard, ou tout simplement par calcul, tout l’art du secrétariat général a été de traduire le « caractère propre » en termes si vagues que son incompatibilité les contrats n’apparaisse plus à l’œil nu.

De peur de perdre ces précieux contrats, M. Balmand et ses prédécesseurs ont escamoté le caractère catholique des établissements qui leur sont confiés – ou, pour mieux dire, qu’ils ont placé sous leur coupe. Toujours moins de catholicisme pour toujours plus d’élèves, telle était la formule gagnante. Ils ont donc tâché de faire croire que « caractère propre » voulait d’abord dire « autonomie pédagogique ». Mais que reste-t-il de cette autonomie, et qu’en restera-t-il après la réforme du collège ?

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