La liberté prend des vacances (15/07/2016)

Les vacances d’été sont le moment favori des gouvernements pour introduire des taxes en catimini et pour confisquer en douce les libertés. Une mesure, dit-on, se prépare subrepticement. Mesure dangereuse pour les écoles hors contrat mais aussi, contrairement aux apparences, pour les écoles sous contrat : soumettre les unes comme les autres aux programmes officiels.

Le gouvernement annonce qu’il va renforcer les contrôles sur les écoles hors contrat, ainsi que les visites domiciliaires chez les parents qui instruisent leurs enfants à la maison. En théorie, ceux qui ne fréquentent ni l’école publique, ni l’école privée sous contrat ne sont pas tenus de suivre les programmes du ministère. Il suffit qu’ils respectent le « socle commun de connaissances, de compétence et de culture », qui est si pauvre qu’il faudrait le faire exprès pour faire encore moins ! (Notons toutefois au passage que ce « socle commun » est défini par décret : un simple décret suffirait donc pour en renforcer les obligations et restreindre d’un coup une liberté qui reste très fragile, en dépit des déclarations rassurantes de certains.) D’autre part, les écoles libres doivent préparer aux examens nationaux, auxquels elles obtiennent de meilleurs résultats que la moyenne.

Toutefois, il se pourrait que ces contrôles s’inspirent d’une interprétation non seulement stricte, mais encore abusive de la loi. Il en résulterait qu’on imposerait aux écoles hors contrat de suivre les cycles de l’enseignement officiel, ce qui limiterait grandement leur liberté.

Mais un projet plus habile, dont on murmure qu’il se prépare, serait d’imposer carrément les programmes officiels aux écoles hors contrat.

Cette mesure serait dévastatrice. Car si l’école hors contrat est contrainte d’appliquer les mêmes programmes absurdes et les mêmes méthodes folles que l’école publique, pourquoi les parents paieraient-ils pour y inscrire leurs enfants ?

Et les écoles sous contrat se trouveraient, elles aussi, en situation délicate. En signant un contrat, elles s’engagent en effet à appliquer les programmes du ministère, contre de l’argent et le paiement des professeurs. Mais il deviendrait légitime de se poser la question suivante : pourquoi l’Etat continuerait-il de payer, dès lors qu’appliquer ces programmes deviendrait obligatoire, même en l’absence de contrat ?

C’est donc l’enseignement privé sans son ensemble qui serait menacé. Le remplacement du régime de déclaration par un régime d’autorisation pour l’ouverture d’une école est une méthode brutale qui donnerait sans doute lieu à de longues batailles juridiques. Par contre, imposer les programmes officiels à tous préserverait l’apparence de la liberté. L’apparence seulement, puisque cette liberté consisterait à faire à ses propres frais… ce que l’Etat offre gratuitement !

En outre, cette méthode mettrait le secrétariat général de l’enseignement catholique en porte-à-faux. En effet, comment celui-ci pourrait-il considérer comme liberticides des programmes qu’il applique lui-même et des réformes qu’il approuve ? Comment pourrait-il dire que ces programmes restreignent la liberté, puisqu’il prétend, depuis des années, que sa propre liberté n’en souffre pas du tout ?

Cette manœuvre serait un coup de maître, qui rendrait le costume de défenseur de la liberté scolaire, récemment endossé par M. Balmand, un peu gênant aux entournures.

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