Saint-Charles, de l'arc-en-ciel aux nuages noirs (15/09/2016)

Il faut maintenant présenter l’autre protagoniste de l’affaire : l’école Saint-Charles, dont les vestiges sont devenus, en même temps que Saint-Louis, l’école Saint-Christophe. Cette rapide présentation permettra de comprendre pourquoi j’ai parlé de « mariage de la carpe et du lapin ».

Deuxième épisode

L’institution Saint-Charles se trouvait au 141, rue de l’Abbé Groult, dans le quinzième. Elle fut fondée en 1865, après une épidémie de choléra, par le P. Bayle. C’était un orphelinat destiné aux enfants pauvres. En 1966, il devint un internat, tenu par les dominicaines de la Présentation, à qui certains pensionnaires sont confiés par l’aide sociale à l’enfance ou par la justice. Puis, en 1989, l’école s’est agrandie pour accueillir aussi des externes, qui sont tout simplement des enfants du quartier.

Faire vivre et travailler ensemble des enfants d’origines diverses, tel était le projet de Saint-Charles. Ce projet s’appuyait sur la pédagogie personnalisée de Mme Montessori, développée par les travaux du P. Faure. Le site de Saint-Charles, qui existe encore, développe ces principes et donne une excellente idée de l’ambiance qui régnait dans cette école.

Les enfants de Saint-Louis et de Saint-Charles se retrouvaient ensemble, le mercredi, au catéchisme de la paroisse Saint-Lambert. Mais, entre les blouses bien boutonnées et les méthodes classiques de Saint-Louis d’un côté, de l’autre la pédagogie participative de Saint-Charles (où l’on trouvait par exemple un conseil d’enfants), il est clair qu’on avait à faire un choix. Il y a fort à parier que les parents qui inscrivaient leurs enfants dans l’une de ces deux écoles n’auraient eu aucune envie de les inscrire dans l’autre. Aucune n’avait démérité : elles étaient tout simplement différentes.

Quand les parents apprirent que Saint-Charles allait fermer, puisque les religieuses vendaient le terrain, leur premier désir fut de voir renaître un projet semblable, dans de nouveaux locaux. Certains d’entre eux fondèrent l’association Pour que vive Saint-Charles.

Mais soyons sûrs qu’à aucun moment la direction diocésaine n’a envisagé de répondre à leur désir. On pouvait lire un article consacré à ce sujet dans le Parisien, le 17 mars dernier : « La direction de l’enseignement catholique estime que les services sociaux et la justice trouveront d’autres lieux d’accueils aux enfants qui relèvent de leur compétence. » Qu’il soit en effet impossible de rouvrir un nouvel internat en plein Paris, cela se conçoit. Il est probable que cette solution n’a même pas été envisagée.

Reste la pédagogie du P. Faure qui est au cœur de l’identité de Saint-Charles. Comment la concilier avec le caractère de Saint-Louis, qui n’a pas de raison d’abandonner un style et des méthodes qui donnent toute satisfaction aux parents qui les ont choisis ?

Le génial directeur diocésain, M. Canteneur, n’a pas trouvé cette tâche au-dessus de ses immenses capacités. Pour être plus exact, il pensait avoir le talent de promettre d’un côté que Saint-Charles serait toujours Saint-Charles, et de l’autre, que Saint-Louis serait toujours Saint-Louis. Caviar et lentilles. Fromage et dessert. Qui dit mieux ?

Il est vrai que, pour tenir à chacun le langage qu’il voulait entendre, pour retenir l’information, pour retarder toute décision jusqu’au moment où il est trop tard pour en envisager une autre, sans oublier quelques mensonges purs et simples, il a fait preuve d’un talent certain – que les lecteurs de ces articles ne vont pas tarder à découvrir.

 

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