Le langage codé de M. Canteneur (26/09/2016)

Le 18 septembre 2015, M. Canteneur écrivit une lettre aux directrices de Saint-Louis et de Saint-Charles pour annoncer la fusion des deux écoles. Il y tint un langage pour le moins sibyllin, qui tendait à faire croire que ce que les parents appréciaient à Saint-Louis perdurerait, et qu’il en serait de même pour Saint-Charles, en dépit de l’évidente incompatibilité des styles et des méthodes des deux écoles. Exercice de double langage qui était exactement dans les cordes du personnage, et d’autant plus nécessaire que cette lettre fut diffusée aux parents.

Troisième épisode

Dans cette lettre, M. Canteneur présentait quatre « grands axes » qui sont un florilège des mots creux que les directions diocésaines se plaisent à employer. Comme de juste, le mot « catholique » n’y figure pas : on peut le constater d’après ces citations in extenso.

1° « Constituer une école de quartier de quinze classes (cinq maternelles et deux classes par niveau en élémentaire) rassemblant les effectifs des deux écoles sans distinction entre les élèves, financièrement accessible dans la continuité des politiques tarifaires actuelles. »

Voilà un axe dont on aurait pu se passer. On se doute que Saint-Christophe n’allait pas aller chercher ses élèves à Ménilmontant ou au pays Basque ! Toutefois, l’évidence n’est pas si évidente que ça. Saint-Louis était en effet une école « de quartier », mais pas de n’importe quel quartier : c’est l’école paroissiale de Saint-Lambert de Vaugirard, qui est propriétaire des locaux. Quant à Saint-Charles, elle n’était qu’en partie une école « de quartier », en raison de l’existence d’un internat. Elle était en outre une école congréganiste.

Quand un parent d’élèves demanda à M. Canteneur : « S’agira-t-il toujours d’une école catholique ? », celui-ci répondit : « Il a beaucoup de manières d’être catholique. » Cette réponse énigmatique ne dut pas suffire à celui qui l’avait posée, car il a depuis inscrit ses enfants dans une école hors contrat. On trouve cette réponse plus claire quand on sait que des pressions furent exercées sur les maîtresses pour les dissuader de faire la prière en classe. Ce ne serait plus de mise dans la future école, leur fut-il expliqué, car ce serait « la diversité ».

2° « Etre une école “à projet” autour du travail personnalisé. Les pédagogies personnalisées et communautaires ont fait leurs preuves et demeurent remarquablement innovantes par la place donnée à la relation pédagogique. C’est une voie d’excellence que des écoles redécouvrent alors que Saint-Louis la met en œuvre et que Saint-Charles est connu pour sa longue tradition de la pédagogie du P. Faure. Grâce à ce savoir-faire et aux formations communes depuis deux ans, l’école pourra être une référence en la matière. Certaines contraintes matérielles ou organisationnelles devront être appréciées en fonction de ce projet, comme l’équipement des classes, dont la capacité sera limitée à vingt-six élèves. »

Il est stupéfiant de lire (au milieu de ce charabia) que Saint-Louis était championne de la pédagogie « communautaire ». Je ne l’avais jamais remarqué. Par contre, Saint-Charles était en effet connue pour mettre en œuvre la pédagogie du P. Faure... dont on ne trouve pas plus de trace à Saint-Christophe que de beurre en branche. En tout cas, pour l’instant.

3° « Etre une école ouverte, attentive à la diversité de son recrutement : diversités culturelle, sociale et pédagogique, voulues comme un enrichissement et mettant en place les moyens nécessaires pour développer une véritable “culture de la rencontre” (cf. l’Ecole est un lieu de rencontre, discours du pape François aux écoles italiennes le 10 mai 2014). »

Citer le pape, ça fait toujours joli. Mais il aurait été plus simple de citer la loi Debré de 1959. Saint-Louis et Saint-Charles sont sous contrat, et doivent donc accueillir les élèves sans distinction d’origine ou de confession. Cet article est donc inutile. A moins qu’il ne s’agisse de préparer les esprits des parents de Saint-Louis à l’arrivée des mères de famille voilées qu’on croise désormais à la sortie ? Comme le dit M. Canteneur, « il y a de nombreuses façons d’être catholique ». On discerne maintenant quel genre de « diversité » pourrait empêcher de prier dans une école catholique…

Par ailleurs, on voit bien ce que sont les diversités culturelle et sociale. On voit moins ce que pourrait être une diversité pédagogique. Entre une méthode et une autre, il faut tout de même choisir ! Or, on nous affirme que les enfants de Saint-Louis et de Saint-Charles doivent être accueillis « sans distinction ». Il n’y aura donc pas de pédagogie différente d’une classe à l’autre. Fera-t-on d’une manière le matin, et d’une autre l’après-midi ? Mystère.

4° « Etre une école “inclusive” qui permette aux élèves aux besoins éducatifs particuliers de bénéficier eux aussi d’un projet d’excellence. Cette dimension devrait être facilitée par les moyens réunis à l’ouverture : existence d’un poste supplémentaire d’enseignant pour regroupement d’adaptation, bâtiment mis aux normes d’accessibilité, partenariats avec Saint-Jean-de-Dieu… »

La mise du bâtiment aux normes d’accessibilité n’est pas due à la bonté du directeur diocésain. C’est, là encore, une obligation légale ! Pour le reste, la réalité semble encore loin de ces belles paroles, destinées à endormir la méfiance des parents de Saint-Charles.

 

 

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