M. Balmand a mauvais genre (05/10/2016)

La presse a coutume de reproduire distraitement les dépêches et les communiqués qu’on lui transmet. Ainsi le Figaro a-t-il titré : « L’enseignement catholique défend la fondation Lejeune. » Quiconque connaît cette administration devine qu’il n’en est rien. En lisant le compte rendu de sa conférence de presse de rentrée de M. Balmand, secrétaire général, on constate qu’il parvient, en quatre phrases, à enchaîner une tromperie, une apostasie, une menace et un acte d’allégeance. Et que son « soutien » est d’une rare perfidie.

Quand M. Balmand parle, il a quatre publics à la fois – c’est ce qui rend son métier difficile. Il doit plaire tout à la fois aux parents (en faisant mine de défendre leur liberté de choix), aux évêques (en leur faisant croire que l’école catholique est fidèle à sa mission), au ministre (en l’assurant de sa fidèle servilité), et enfin ses prétendus subordonnés (qui ne le sont pas en droit mais, de fait, le prennent pour leur supérieur hiérarchique). Pas facile.

En guise d’exercice pratique, voici ce qu’on lit dans le compte rendu de la conférence de presse : « Un document édité par la fondation Lejeune a été mis à la disposition des élèves d’un établissement privé de l’académie de Montpellier, intitulé Manuel de bioéthique des jeunes. Bien qu’il ne s’agisse en rien d’un manuel scolaire, son contenu a suscité la polémique. M. Balmand a rappelé qu’il est légitime dans le cadre de la vie scolaire qu’une parole chrétienne soit proposée dans un établissement catholique, même si cela conduit à être en désaccord avec une loi (la loi Veil). Il a souligné qu’il incombe aux éducateurs de faire preuve de tact, pédagogie et ouverture sur ces sujets délicats. Or, a-t-il reconnu, ce document, tout comme celui diffusé par l’association Vigi Gender, repose plus sur des affirmations de principe que sur l’empathie. Il ne s’agit pas là d’outils qui permettent le dialogue. »

Notons d’abord qu’il ne s’agit pas d’une « polémique » entre deux adversaires entre lesquels M. Balmand aurait vocation d’arbitrer, mais d’une attaque frontale contre la fondation Lejeune, qui ne fait que se défendre. Et en même temps d’une mise en cause du « caractère propre » de l’enseignement catholique, ce que M. Balmand fait mine de ne pas voir.

1° La tromperie

Toutefois, il doit faire croire aux évêques qu’il est tout de même un peu catholique. Pour cela, il déclare qu’« il est légitime dans le cadre de la vie scolaire qu’une parole chrétienne soit proposée dans un établissement catholique ». Soit. C’est même plus que légitime : c’est légal. Mieux : ce n’est pas seulement une permission dont une école catholique a le loisir de faire usage ou non, c’est une mission qui s’impose à elle, sans quoi elle ne mérite pas son nom.

2° L’apostasie

Le terme imprécis de « parole chrétienne » donne un contenu bien fade et évanescent à cette mission ; et encore ne s’agit-il que d’une « proposition ». Ça, c’est pour rassurer les parents : ils veulent bien faire des sacrifices pour l’instruction de leurs enfants, mais ce n’est quand même pas pour qu’ils finissent au séminaire ou au couvent !

3° La menace

D’autre part, M. Balmand ne voudrait pas que les directeurs d’écoles catholiques se croient permis d’annoncer l’Evangile à tort et à travers. A leur intention, il ajoute donc qu’« il incombe aux éducateurs de faire preuve de tact, pédagogie et ouverture sur ces sujets délicats ». Un « sujet délicat », c’est ce qu’on appelle en langage courant un « bâton merdeux », et le conseil qu’il donne aux éducateurs, c’est : « Ne le ramassez pas. » Contentez-vous de prêcher les convaincus, tard le soir, dans la petite salle mal chauffée au sous-sol. Sinon, vous verrez, vous aurez des ennuis. Tout comme le directeur de Gerson pour avoir fait venir l’alliance Vita (or l’« affaire Gerson » a été orchestrée par la direction diocésaine de Paris elle-même, alors dirigée par M. Gautier). Tout comme le directeur de Stanislas pour avoir soutenu la Manif pour tous (il fut promptement remplacé... par le même M. Gautier). Au passage, M. Balmand en profite pour désigner une autre association que tout chef d’établissement soucieux de sa carrière évitera désormais : Vigi Gender.

4° L’allégeance

Pour terminer, M. Balmand s’adresse au ministre, avec qui ses rapports sont, selon sa propre expression, ceux d’une politique de « souplesse concertée ». A propos du manuel incriminé et des brochures de Vigi Gender, il reconnaît qu’« il ne s’agit pas là d’outils qui permettent le dialogue. » Et comme, dans le Figaro, il déclare qu’il faut aborder les questions de bioéthique « dans le cadre d’un dialogue respectueux et pacifié »… la conclusion qui s’impose est qu’il ne faut pas se servir du manuel qui déplaît au ministre.

On voit que M. Balmand soutient la fondation Lejeune, oui… mais avec une « souplesse concertée » !

 

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