Apel : des évêque à la pelle ! (21/01/2017)
Dès que les responsables de l’enseignement catholique adoptent le ton onctueux du prêche et multiplient les références religieuses, au moyen de citations plus ou moins exactes, c’est pour camoufler une nouvelle entourloupe. Autant dire qu’ils le font souvent ! Et voilà que cette organisation illégitime dans son principe et indigne dans ses résultats a réussi à se parer de la caution d’un « évêque référent ». Un tel luxe de cléricalisme contraste fort avec ce qui se passe dans tant d’écoles appelées catholiques… Mais quand l’Apel manie l’ostensoir, ce n’est pas pour parfumer, c’est pour enfumer.
En lisant le numéro de décembre de Famille et Education, non par plaisir mais pour les besoins d’un article pour Boulevard Voltaire (qu’on peut lire ici : http://www.bvoltaire.fr/pierredelaubier/apel-faire-plaire...), je suis tombé sur une nouvelle qui surnage dans le brouet insipide qu’est, selon la tradition, l’éditorial de Mme Saliou. L’Apel s’est doté d’un « évêque référent », en la personne de Mgr Leborgne, évêque d’Amiens.
Si cette fonction existait déjà, elle m’avait échappé. Quoi qu’il en soit, elle mérite réflexion. Car l’Apel est, plutôt qu’une association, une fédération d’associations : la fédération des Urapel, qui fédèrent les Udapel, qui fédèrent les Apel d’établissements, lesquels réunissent enfin les parents d’élèves, selon l’organigramme toujours simple et transparent de l’enseignement catholique.
A ma connaissance, l’armée française est la seule organisation qui dispose de son propre diocèse, et ce depuis 1983 seulement. Je dois avouer que la nécessité qu’il y avait à remplacer l’aumônier général par un évêque aux armées ne me saute pas aux yeux. Mais enfin, on voit bien que les militaires sont appelés à se déplacer souvent, y compris hors de leur pays : c’est pourquoi il est utile qu’il existe un évêque susceptible de se déplacer jusqu’à eux.
A l’inverse, une école se caractérise par son caractère sédentaire. De même, les parents d’élèves ne diffèrent en rien de la population générale : on voit mal pourquoi, en ce qui concerne les questions scolaires, ils auraient besoin d’un « évêque référent » autre que leur propre évêque. Il y a donc là un conflit d’autorité évident. A moins que les Apel locales, et même départementales, ne dépendissent de l’évêque du lieu, tandis que l’Apel nationale évoluerait dans des sphères si éminentes qu’il faudrait lui attribuer son propre évêque ?
Tout cela n’entraîne que de la confusion. C’est à l’évêque du lieu qu’il revient de constater qu’une école est ou non catholique, et non pas à un « évêque référent » qui se substituerait à lui. De plus, l’Apel est, comme on sait, le partenaire servile du secrétaire général, lui-même nommé par la conférence des évêques. Cet évêque référent est-il un émissaire de la conférence des évêques ? Bref, au milieu de toutes ces mitres, on ne sait plus où donner de la crosse !
Les réponses de Mgr Leborgne aux trois questions qui lui sont posées dans Famille et Education ne nous éclairent pas beaucoup. A la première : « Quel sera votre rôle ? », il répond : « Je vais le découvrir. » Il ajoute cependant : « Je vais faire le lien entre l’Apel et les évêques. » Qu’est-ce à dire ? Cela signifie-t-il admonester les évêques qui trouveraient à redire aux projets de l’enseignement catholique ? Ce serait les dépouiller d’un aspect essentiel de leur charge pastorale.
A la seconde question : « Pourquoi avoir accepté cette mission ? », Mgr Leborgne répond la phrase inlassablement répétée par l’Apel, le secrétariat général et leurs innombrables pseudopodes : « Les parents sont les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants. » On pourra la répéter tant qu’on voudra, y compris dans des bouches épiscopales, elle n’en reste pas moins fausse. Les parents sont les seuls et uniques éducateurs des enfants, comme je l’ai maintes fois prouvé. Il n’y a donc pas de « partenariat » avec l’école mais une simple délégation sous la responsabilité exclusive des parents.
Dans la réponse à la troisième question, je relève la volonté de Mgr Leborgne d’être le « témoin strict » du « caractère propre » de l’école catholique. Ce caractère n’ayant jamais été défini, il sera difficile d’en être le « témoin strict ». Quoi qu’il en soit, doit-on en conclure qu’on pourra se plaindre auprès de Mgr Leborgne des abus innombrables qu’on constate au sein des écoles catholiques, tels que ceux que j’ai cités (à titre d’exemple) dans ce blogue : visites du Planning familial, distribution de capotes anglaises, etc. Ou les parents pourront-ils faire appel auprès de lui des usurpations des directions diocésaines ? Ou encore l’Apel elle-même pourra-t-elle invoquer l’autorité de Mgr Leborgne contre un évêque qui – comme cela se produit quelquefois – entend mettre fin aux abus qu’elle couvre d’un voile de silence ?
En réalité, voici ce qui va se passer. Comme Mgr Leborgne est évêque d’Amiens, on peut supposer que ses journées sont bien remplies. Si une question survient, il ne lui sera guère possible de se renseigner sur les faits ni d’entendre les parties, et encore moins de se rendre sur place, à supposer qu’un tel déplacement puisse se faire sans l’invitation de l’évêque du lieu. Il fera donc confiance à la parole doucereuse des responsables de l’Apel (ce que, justement, il ne faut jamais faire). Il prononcera, avant l’ouverture des congrès et autres occasions de savourer des petits fours, quelques bonnes paroles qu’on citera avec componction et qui rempliront les colonnes de Famille et Education, où l’on parle de tout, sauf des vraies questions. Et il servira ainsi de caution à une organisation contraire à l’ordre véritable de l’Eglise et infidèle à sa mission. Une fois de plus, l’Apel et le secrétariat général auront réussi ce tour de force de dissimuler l’apostasie sous les dentelles du cléricalisme.
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