Des parents d’élèves écrivent aux évêques (31/01/2017)

Le 28 janvier dernier, M. Malcouronne, président de l’association Parents pour l’école, écrivait aux évêques de France une lettre pertinente à tous égards, dont je ne retiendrai que les points les plus importants à mes yeux, tout en donnant quelques réponses aux interrogations que M. Malcouronne formule. Ces réponses, il les connaît, bien qu’il ne les exprime pas. Quelquefois, la réponse est d’ailleurs contenue dans la question ! Mais la raison d’être de ce blogue est de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas mais n’osent ou ne peuvent pas dire.

Ainsi, M. Malcouronne écrit : « Nous ne comprenons pas pourquoi le secrétariat général de l’enseignement catholique persiste à encourager la récente réforme du collège. » Cela est facile à comprendre. Le secrétariat général a besoin de la complicité du ministère pour maintenir debout le vaste système de cooptation carriériste et de collecte de fonds qu’il a organisé. Système qui était inconnu de l’enseignement catholique avant que les écoles qui en font partie ne signent les funestes contrats qui les ligotent à présent. Le premier maître des professeurs agrégés qui ont colonisé cette administration (tout comme ils ont colonisé l’enseignement public), ce ne sont pas les parents, ce ne sont même pas les évêques, c’est le ministère.

« Nous sommes interloqués par la timidité de nos écoles quant à l’urgence de l’annonce et de la mission. A titre d’exemple, nous remarquons que l’injonction du secrétariat général de l’enseignement catholique invitant à “réenchanter l’école” implique des enjeux qui demeurent humains. S’il s’agit de réenchanter le “nous”, les “savoirs”, la “relation”, les “possibles” et notre “rapport au monde”, rien n’est dit, en ce féerique projet, du rapport à Dieu, de la puissance de la foi comme du rôle de l’Eglise. » Je n’ajouterai rien aujourd’hui à ces quelques mots qui décrivent bien l’atmosphère folâtre de ce grand « réenchantement » grotesque et fumeux destiné à détourner l’attention des braves bénévoles des vraies question qui se posent aux écoles catholiques, et que posent les parents d’élèves. Mais je rappelle que le renoncement à l’annonce de la foi catholique est fait, encore une fois, pour complaire au ministère, tout en effaçant tout ce qui pourrait éloigner des parents intéressés par les seuls résultats scolaires et indifférents au reste.

« De plus, certains parents nous signalent que des établissements leur demandent de signer une charte éducative de confiance dans laquelle il leur est sommé de reconnaître la primauté éducative de l’école. Contraires à toute la réflexion de l’Eglise sur la liberté des familles, cette démarche et cette injonction dépossèdent les parents de leur rôle de premiers éducateurs, les plaçant en situation de simples contractants. » Je ne peux que me réjouir de voir enfin une association de parents d’élèves défendre les vrais droits des parents. J’ajoute que M. Malcouronne a raison encore plus qu’il ne le croit : les parents ne sont pas les « premiers » éducateurs de leurs enfants. Ils sont les seuls. C’est plus qu’un droit, c’est un devoir dont ils ne peuvent s’affranchir sans commettre une faute. Du reste, même cette idée de « partenariat » éducatif entre les parents et l’école, contraire à la doctrine catholique, est constamment détourné par le secrétariat général, les directions diocésaines et trop d’établissements, qui accaparent toutes les décisions et négligent d’informer les parents, par exemple, du contenu de l’éducation sexuelle dispensée, lequel entre souvent en franche contradiction avec l’enseignement de l’Eglise. Jamais le secrétariat général ni bien entendu son fidèle Apel ne prennent la peine de répercuter les plaintes des parents qui s’aperçoivent que l’école de leur enfant a reçu la visite des militants du Planning familial (comme j’en ai cité plusieurs exemples).

Il est vrai qu’en reconnaissant que l’éducation affective et sexuelle revient entièrement aux parents, le secrétaire général et ses filiales seraient forcés de reconnaître que le « socle commun » que les écoles sous contrat sont contraints d’appliquer comprend précisément cette matière. Et que c’est là un des nombreux éléments qui font que les contrats ne sont plus compatibles avec le maintien d’un caractère catholique.

La conclusion appartient à M. Malcouronne : « Bridée par des accommodements, aliénée par des protocoles, séduite par les mirages du temps, cette institution finit par ressembler à ce qu’elle ne devrait pas être : une école publique payante. »

Mais le post-scriptum m’appartient. J’ajoute donc qu’en écrivant à la conférence des évêques de France, M. Malcouronne avait sans doute l’intention d’écrire à chaque évêque en particulier. Sinon, il risque de ne recevoir aucune réponse, car la conférence des évêque de France n’existe pas. Ou, pour mieux dire, elle n’a aucune existence dans la hiérarchie catholique. Les évêques ne sont pas les subordonnés d’un président élu. Ils ne sont même pas ceux du primat des Gaules. Ils ne tiennent leur charge que du pape et ne rendent compte qu’à lui. D’ailleurs, l’existence d’un président de la conférence épiscopale, en concurrence avec un primat qui n’est qu’un primus inter pares, est une curiosité. Et quand cette conférence cesse d’être un simple lieu d’échange et de dialogue pour s’arroger le droit de nommer un secrétaire général de l’enseignement catholique qui passe ses directives aux école de tous les diocèses, on aboutit à une conception administrative et non plus corporelle de l’Eglise. On est même à la limite de l’instauration d’une hiérarchie parallèle. Pour ma part, je n’emploie pas l’expression « nos évêques », car je n’ai qu’un seul évêque.

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