Le monstre a toujours faim (18/03/2017)

Le projet de faire de l’administration appelé « enseignement catholique » n’a pas pu se faire dans la foulée du vote de la loi Debré. Mais, à force d’usurpations, de ruse et de confiscation, il a fini par aboutir. Mais ce n’est pas tout de tout décider. Ce qui accompagne le mieux le pouvoir, c’est l’argent. Où le trouver ? Dans la poche des parents. Mais sans que ça se remarque.

Petite histoire d’une soumission (6)

Le secrétariat général et ses filiales les directions dites diocésaines ont donc confisqué tous les pouvoirs. Ce n’est pas le fruit d’une évolution naturelle. Ce n’est pas par une suite de hasards heureux ou malheureux (selon le point de vue) qu’on en est arrivé à mettre les parents sur la touche et annihiler l’existence propre des établissements. C’est le résultat d’un plan concerté, mené avec constance et obstination pendant des années, par des gens organisés.

Désormais, les directeurs diocésains nomment les directeurs et les professeurs, les forment, pré-écrivent les projets pédagogiques, et demain recruteront eux-mêmes les élèves en fonction des objectifs de « mixité sociale » du ministère.

Mais c’est bien joli de tout diriger. Qui dit pouvoir, dit argent. Il faut tenir les cordons de la bourse, car celui qui décide, c’est celui qui paie. Il fallait donc mettre en place un système de pompe et de tuyauterie qui permette à l’administration de se financer elle-même, mais aussi de répartir les financements qui ne lui appartiennent pas et d’en contrôler l’usage.

C’est la F.N.O.G.E.C. qui sert cet objectif. Où puise-t-elle l’argent ? Dans votre poche, chers parents. Ainsi, à Paris, la cotisation oscille entre 21 € et 24 € par élève. Soit, pour près de 80 000 élèves, un budget approchant 1,8 million d’euros. Saviez-vous que vous cotisiez à cet organisme ? Moi pas. C’est normal : cela ne figure pas sur votre facture, et c’est voulu.

La F.N.O.G.E.C. prétend en effet que ces cotisations « ne doivent pas peser directement sur les parents ». Sur qui pèsent-elles, alors ? Sur les O.G.E.C., d’accord. Mais qui cotise aux O.G.E.C. ? Les parents, bien entendu. Mais, sur le papier, ce ne sont pas les parents qui paient… Par conséquent, pourquoi les informer ? Ils finiraient par demander ce que cet argent devient !

Dans le projet de compte rendu de la réunion du C.O.D.I.E.C. du 12 décembre 2016, d’où je tire ces chiffres, il est précisé que ces cotisations sont « relativement modestes » compte tenu « de la taille volontairement réduite de l’équipe diocésaine ». Réduite ? Vérifions.

La direction diocésaine comprend naturellement un directeur, M. Canteneur, son adjoint et son assistante. Un responsable de l’information, une chargée de relations publiques, trois chargés de mission. Un responsable des ressources humaines, M. Tercinier, flanqué de cinq collaboratrices. Une secrétaire générale, chargée de l’« accompagnement économique » épaulée par quatre collaborateurs dont un s’occupe du patrimoine immobilier et deux de la maîtrise d’ouvrage. Au total, une équipe « resserrée » de dix-neuf personnes figurant dans l’organigramme. Car d’autres n’y figurent pas.

Ce ne serait rien si ces gens faisaient un travail utile. Mais leur action est nuisible. Le « directeur des ressources humaines » ne fait rien d’autre que ce que les directeurs devraient faire, selon la loi et le bon sens. Et il le fait mal.

Remarquons la présence de pas moins de trois personnes chargées de l’immobilier, dont deux de la maîtrise d’ouvrage. Cela correspond à la politique de le direction diocésaine de mettre la main sur les locaux, ce qui parachève la mainmise totalitaire sur les écoles et donne au passage l’occasion de réaliser de fructueuses opérations (à Saint-Louis et Saint-Charles, par exemple). Quand des travaux sont nécessaires, la direction diocésaine organise le financement, et ne le fait pas sans contrepartie. En l’absence de gros travaux, on va voir les écoles, et on leur dit : « Mais que tout cela est compliqué ! Les travaux… les mises aux normes… que de tracas ! Laissez-nous vous soulager de ce poids. » On leur propose alors de racheter leurs locaux, et de les leur louer ensuite. Parfois fort cher.

La direction diocésaine de Vendée, par exemple, se targue du fait que plus un seul établissement n’appartient à des propriétaires privés. C’est curieux, car, à sa fondation, le C.O.D.I.E.C. avait fait figurer dans ses statuts le soin de veiller au respect des volontés des fondateurs et donateurs des écoles. Une fois les murs devenus la propriété de la direction diocésaine, qu’en sera-t-il ? Poser la question, c’est y répondre.

Aux ressources tirées des cotisations, il faut maintenant ajouter le produit de ces opérations immobilières, des loyers encaissés. Sans compter les dons et legs, dont certains passent par la fondation Saint-Matthieu dont on me permettra de dire que le nom est curieusement choisi. Elle n’est pas, en principe, soumise à la direction diocésaine, mais j’ai montré comment, dans l’affaire Saint-Louis et Saint-Charles, elle avait versé des fonds alors que le projet paraissait peu conforme à son objet social. Soit dit en passant, cela n’a pas suffi puisque la nouvelle école Saint-Christophe s’est permis de puiser dans la caisse de l’Apel de l’école, tant les travaux, pharaoniques, ont coûté cher. Reste à savoir si ce transfert de fonds d’une caisse à l’autre est une exception, ou une habitude.

Pour conclure sur ce vaste sujet, je livre ici tel quel le schéma de circulation de l’argent ainsi récolté. Ce n’est qu’un schéma : c’est encore plus compliqué en vrai. Qu’on me dise si ce schéma est fait pour rendre les choses claires… ou pour les rendre obscures ?

Schéma de financement réduit.jpg

 

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