Franklin et Stanislas : le tournoi (22/06/2017)

En juin 2013, M. Le Maire fut invité à signer son livre Jours de pouvoir, d’une part aux « journées missionnaires » de Saint-Louis-de-Gonzague, plus connu sous le nom de Franklin, d’autre part à la fête du collège Stanislas. Dans les deux cas, un tollé de parents d’élèves et d’anciens élèves conduisit les directeurs de ces établissements à décommander sa venue. Mais les manières de le faire ont été bien différentes, ce qui éclaire d’un jour intéressant le caractère des deux établissements.

Il est naturel que les organisateurs des fêtes de fin d’année cherchent à faire venir des auteurs en vue pour signer leurs livres. Ça rapporte des sous et contribue au renom de l’établissement. Ce fut le cas de M. Le Maire, en 2013, à la fois au collège Stanislas et à Franklin. Mais c’était l’époque du vote de la loi Taubira instituant le « mariage pour tous », dont le moins qu’on puisse dire est qu’il est difficile à concilier avec la foi, la morale et l’anthropologie catholiques.

Or, M. Le Maire avait jugé bon de s’abstenir lors du vote de la loi. Selon des renseignements qui m’ont été communiqués par des membres de sa famille, c’était pour une raison simple : « Il voulait faire parler de lui. » Il ne s’est pas déjugé depuis, au contraire, car il déclarait le 23 mai 2016 à la Vie : « Quand dans les manifestations contre le mariage pour tous, je vois revenir un catholicisme politique, moi le catholique, dont toute la famille est catholique, je dis non. » Il a raison de dire que sa famille est catholique, puisque tous ceux que je connais, je les ai croisés… aux manifestations en question. Quant à dire qu’il lest lui-même, tout dépend ce qu’on met dans ce mot. La difficulté, pour lui, est d’arriver à en parler assez souvent pour capter les électeurs que cela flatte, tout en assurant les organisations laïques que, jamais, ce catholicisme de papier n’influera sur ses positions politiques. Le résultat est là : le voilà redevenu ministre dans un gouvernement qui se propose de légaliser la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui.

En tout cas, en recevant le programme de ces journées, des parents d’élèves et anciens élèves de ces deux établissements écrivirent des lettres de protestation. Ce qui fait que M. Le Maire dut renoncer à venir vendre son livre Jours de pouvoir, dans lequel il ne manque pas de raconter comment, tandis qu’il est mollement couché dans sa baignoire en songeant à sa carrière, la Mme Le Maire est occupée à lui tripoter pieusement la zigounette. Voilà qui aurait pu faire beaucoup pour l’édification des élèves.

Mais le plus intéressant est la réaction des chefs d’établissements concernés. Dans les deux cas, M. Le Maire faisait, pour ainsi dire, partie de la famille. A Stanislas, puisque ses enfants y étaient inscrits, comme à Franklin, dont il est ancien élève et d’ailleurs fils de l’ancienne directrice du primaire. Il était donc naturel d’accepter sa venue, ne serait-ce que par distraction. Mais, contraint de renoncer à ce client de choix, le directeur de Franklin donna pour explication le prétexte qu’il ne pouvait pas assurer… sa sécurité. Comme s’il y avait eu la moindre violence de la part des opposants à la loi Taubira en général, et la moindre menace de la part de ceux qui avaient protesté. Et comme si c’étaient les vilains intégristes qui avaient le toupet de s’en prendre à un gentil M. Le Maire pétri d’esprit missionnaire.

La réaction de M. Chapellier, directeur de Stanislas, fut bien différente. Il ne cacha pas son courroux et déclara qu’à l’avenir, plus aucun homme politique ne devrait être admis à dédicacer ses livres à Stanislas.

Courroux compréhensible car M. Chapellier évitait d’admettre les enfants de personnalités en vue, surtout si, par ailleurs, elles prenaient des positions incompatibles avec le catholicisme. Or, il avait fait une exception pour M. Le Maire, jugeant qu’il s’agissait sans doute d’un catholique de conviction. Comme quoi tout le monde peut se tromper.

Mais ça, c’était avant. Avant que M. Chapellier ne fût honteusement mis à la porte de Stanislas, qu’il avait sauvé de la décrépitude, et remplacé par M. Gautier. Qui était alors directeur diocésain, ce qui fait qu’il lui a suffi d’évincer M. Chapellier pour s’installer dans sa place encore chaude. Mais qui était aussi… ancien directeur de Franklin. Ça ne s’invente pas. Et ça donne à réfléchir.

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