Tout va très bien, tout va très bien ! (11/09/2017)

A l’occasion de la rentrée, radio Notre-Dame recevait le 4 septembre M. Canteneur, directeur diocésain de Paris. Qui, bien entendu, a expliqué doctement que tout allait bien. Mais la magie de la parole est telle que, malgré lui, il révèle ce qu’il veut cacher : c’est que tout va mal ; ou que tout va autrement qu’il ne le dit. Il faut d’ailleurs rendre hommage à l’habileté de M. Daufresne, qui a posé de vraies questions à l’invité de son émission le Grand Témoin. Questions que M. Canteneur a esquivées avec une habileté non moins consommée.

Première question : des établissements trop élitistes ?

Parmi les questions abordées, l’élitisme des établissements parisiens. « Ce n’est pas notre choix », dit M. Canteneur. Vraiment ? Mais cet élitisme découle d’un accord, non prévu par la loi mais accepté par le secrétariat général, qui limite la proportion d’élèves scolarisés dans le privé. L’avoir accepté, ç’a été un choix. S’y plier, c’est encore un choix.

La loi Debré de 1959 dit que l’enseignement privé ne peut être subventionné que s’il répond à un « besoin scolaire reconnu ». Reconnu par qui ? Par le ministère lui-même. Autrement dit, par l’un des signataires du contrat. Passer un accord avec un partenaire qui se réserve le droit de décider si, oui ou non, l’accord peut-être appliqué, c’est reconnaître soi-même que la liberté scolaire n’est pas un droit, mais une tolérance. C’est accepter de n’être qu’un supplétif.

Résultat ide ce numerus clausus : les listes d’attente s’allongent à l’entrée des établissements privés. Que faire ? On pourrait inscrire les élèves dans l’ordre de dépôt des demandes. Ou prendre en priorité ceux qui résident à proximité (notamment s’il s’agit d’une école paroissiale). Ou bien ceux qui sont baptisés. Mais ce dernier point est problématique, car la loi impose d’accueillir les élèves quelle que soit leur confession.

La seule solution serait de prendre en priorité les plus nuls. Ainsi, le niveau baisserait et les listes d’attente disparaîtraient. Après tout, les élèves nuls ont, autant que les autres, le droit de fréquenter une école catholique ! Et le reproche d’élitisme disparaîtrait, conformément au vœu de M. Canteneur.

Mais chacun sait que la plupart des parents – et des professeurs – choisissent l’enseignement catholique non pas à cause de sa confession mais malgré elle. Donc, si les écoles catholiques devenaient nulles, elles perdraient leurs clients. C’est une bonne raison pour elles de devenir élitistes, quoi qu’en dise M. Canteneur.

Si bien que, bien entendu, les directeurs (nommés par M. Canteneur) examinent les dossiers scolaires et sélectionnent les meilleurs. Ainsi, ils obtiennent d’excellents résultats et leur carrière (décidée par M. Canteneur) est assurée. Et les listes d’attente s’allongent encore…

C’est bel et bien un choix.

 

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