A la recherche du catéchisme perdu (16/09/2017)
On a compris que les écoles catholiques sous contrat sont volontairement élitistes. On a compris qu’elles sont tenues en esclavage par les directions diocésaines et le secrétariat général. Cela serait admissible, à la limite, si cet élitisme et cette sujétion les avaient rendues de plus en plus catholiques. Le sont-elles, et si oui, où en est la preuve ? Telle est la troisième question posée à M. Canteneur. Il répond oui, bien entendu. Mais on comprend que c’est non.
Troisième question : des écoles catholiques ?
M. Daufresne pose la question à M. Canteneur de manière simple: « Faut-il évaluer l’enseignement religieux » ? Usant du vieux truc des politiques, M. Canteneur affirme que c’est une excellente question (et ne vous remercie pas l’avoir posée). Puis déclare qu’une de ses priorités est d’« approfondir la mission chrétienne d’éducation, en particulier l’éducation religieuse articulée au programme ».
Doit-on comprendre qu’il souhaite « articuler » au programme de sciences naturelles de quatrième, qui inclut un mode d’emploi des méthodes contraceptives (et abortives), ou au programme d’éducation civique, qui présente le mariage homosexuel comme un droit évident, avec l’encyclique Humanae vitae ?
Mais alors, une question subsidiaire est éludée : les programmes officiels sont-ils compatibles avec un enseignement chrétien ? Autrement dit, l’avortement est-il à la fois un droit quasi fondamental, comme le programme l’affirme, et « crime abominable », selon le mot du pape Jean-Paul II ?
Autre question implicite éludée : la pastorale (pour dire le catéchisme, mot que M. Canteneur n’emploie d’ailleurs pas) est-elle (ou devrait-elle être) obligatoire ?
A ces deux questions, la réponse est non, les programmes officiels (et pas seulement en sciences naturelles) sont incompatibles avec ce qu’on pourrait ou devrait apprendre dans une école catholique, et non, la pastorale n’est pas toujours obligatoire.
Revenons à la question : doit-on évaluer les cours de catéchisme ? M. Canteneur commence par dire: « Il n’y a pas de raison que les questions que les connaissances en matière religieuse (…) ne soient pas au même niveau d’intérêt et d’importance pour les élèves que les autres disciplines. » Ça doit vouloir dire « oui ». C’est qu’il veut qu’on entende.
Mais il se hâte d’expliquer que « toute la difficulté de la discipline est de donner de la valeur et du crédit à ce qui peut être la partie intellectuelle de la chose. » Or, il n’y a pas là la moindre « difficulté » : l’histoire sainte peut être enseignée et notée exactement comme quelle histoire, par exemple celle de l’islam qui occupe un quart du programme de cinquième.
Mais M. Canteneur bat la campagne : « En revanche, c’est plus compliqué, et même pas du tout bienvenu, que d’essayer d’évaluer (…) la démarche personnelle et la façon d’approfondir sa foi. » Bon, bon, bon. Voilà qu’il se paye notre fiole. Qui, une seule fois dans l’histoire des écoles catholiques, a préconisé la notation non pas de connaissances, mais de la foi elle-même, selon un barème de 0 (niveau « possédé du démon ») à 20 (niveau « saint »), en passant par les niveaux « bienheureux » et « homme de bonne volonté » ?
D’où sort ce délire ? De la volonté de nous enfumer. Il suffisait de dire : il y a ce qu’on peut enseigner et noter, et on va le faire, et ce qu’on ne peut pas noter, on ne le notera pas. Mais non. C’est trop « difficile ».
Pour M. Canteneur, ce qui est « vraiment la mission » des école catholiques, c’est de donner une « culture religieuse » (pas nécessairement catholique) et « d’essayer de permettre aux jeunes de trouver une communauté chrétienne dans laquelle vivre leur foi ».
Pour un esprit simple comme le mien, une communauté chrétienne se compose de chrétiens. Pas pour M. Canteneur. C’est ce qui ressort de ses propos à propos du mariage. Peut-on en parler dans une école catholique ? « C’est évident d’en parler, ce n’est pas évident de le faire », dit M. Canteneur dans son style inimitable. « Toutes les questions de mœurs, en particulier de mœurs sexuelles, posent évidemment question, et ne sont pas très faciles à aborder, et le fait d’avoir à le faire dans des programmes ne simplifie rien. » Il avoue donc enfin que l’« articulation » qu’il faisait mine de préconiser entre la religion et les programmes est impossible.
Et il poursuit : « L’important est d’arriver à travailler en équipe, et puis de partir à la recherche des bonnes sources. Sur quoi est-ce qu’on s’appuie ? Quelle vision de l’homme et de la société va-t-on donner ? » Quelle vision ? Mais la vision catholique, il me semble. Et les Evangiles, les pères de l’Eglise, les encycliques des papes, les lettres pastorales des évêques sont des sources d’inspiration possibles.
Mais M. Canteneur sait bien que la plupart des professeurs (choisis par ses propres services) sont non seulement indifférents, mais hostiles au catholicisme. Il n’y a aucune chance qu’ils « relisent leur programme » à la lumière de la foi qu’ils n’ont pas. Il avoue ainsi que la question du mariage homosexuel a donné lieu à des « divisions », des « fractures » ou des « tensions » entre les professeurs qui sont « difficiles à vivre ». Difficiles à vivre pour qui ? Il ne le dit pas, mais je le dis pour l’avoir vécu : pour les catholiques.
Conclusion, grâce à M. Canteneur, nous savons que le catéchisme, dans une école catholique sous contrat, est subsidiaire : elles ne sont que des écoles laïques dont l’aumônerie se trouve à l’intérieur des murs. Et ces écoles ne sont pas non plus des « communauté chrétienne », mais des équipes comprenant quelques chrétiens (il faut bien).
Heureusement, il y a une échappatoire, un moyen d’agiter des « valeurs chrétiennes » sans indisposer ni le ministre, ni les clients, ni les professeurs syndiqués. La tolérance ? L’accueil ? Le partage ? La solidarité ? Mieux que ça : l’« écologie intégrale ». Ce sera, n’en doutons pas, la nouvelle marotte des directeurs diocésains dans les années à venir.
Triez vos déchets, Dieu reconnaîtra les siens.
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