Symphonie pastorale (25/10/2017)
Le 14 septembre dernier, l’émission En quête de sens de radio Notre-Dame se posait la question suivante : comment l’enseignement catholique favorise les relations entre parents d’élèves et écoles. Sachez-le d’emblée : cela se fait de manière excellente : « confiante », « cohérente », « positive », etc. Bref, tout va très bien. Ce qui n’empêche pas à une oreille attentive d’entendre, au milieu du galimatias auquel on est habitué, quelques déclarations étonnantes concernant, notamment, la pastorale.
A en croire Mme Monnin, directrice de l’école Charles de Foucauld, et M. Bedel, directeur du collège Notre-Dame-de-Lourdes, la rentrée s’est passée de manière excellente. On est bien obligé de les croire sur parole. D’autant plus que M. Depit, président de l’Apel de Paris, confirme qu’il n’y a eu aucune remontée de difficultés. Normal : l’Apel est la courroie de transmission des ordres de la direction diocésaine, pas des réclamations des parents.
Pourtant, M. Delpit rappelle que les parents sont les « premiers et ultimes éducateurs » de leurs enfants. L’adjectif ultime est à souligner, car on se contente en général de premier, dont le sens est ambigu. Mais cette affirmation n’est guère compatible avec ce qui suit, et notamment avec la notion de « communauté éducative ». Le mot « éducation » est lui-même ambigu. Mais tout le discours est construit comme si ces ambiguïtés n’existaient pas. Or, si les parents sont les éducateurs premiers et ultimes, comment peut-on affirmer que c’est le chef d’établissement qui « est responsable de l’animation de la communauté éducative », d’où il découle que les parents doivent « rester à leur place » ?
M. Delpit affirme que le projet pédagogique est « la clef de voûte » de l’établissement, mais que « son écriture se fait avec l’ensemble de la communauté éducative ». C’est une chose que je n’ai jamais observée. D’ailleurs, seul le directeur a le pouvoir de le promulguer. En outre, ce caractère évolutif et participatif cadre mal avec l’image de la clef de voûte.
Toutefois, M. Delpit affirme que la dimension catholique « va s’exprimer à travers le projet éducatif de l’établissement ». Fort bien, mais que dès qu’il s’agit de dire ce qui fait qu’une école est catholique ou non, on tourne autour du pot. L’animatrice de l’émission avance que « ce n’est pas confessionnel, c’est catholique, mais... », puis laisse sa phrase en suspens. M. Delpit reprend alors un distinguo inventé par M. Balmand : il s’agirait « d’établissements catholiques d’enseignement et pas d’établissements d’enseignement catholiques », et il ajoute : « La nuance est importante. » Importante, sans doute, mais mystérieuse (et elle le restera).
Si c’est le projet éducatif qui garantit le caractère catholique, et que les parents prennent part à son écriture, encore faut-il qu’ils se soucient du caractère catholique de l’école. M. Delpit affirme que « la dimension pastorale est aussi importante pour les parents », ce qui indique qu’elle ne vient qu’en second lieu (et, la plupart du temps, jamais). Et les chefs d’établissement ? Pour Mme Bonnin, ce projet renvoie à « de grandes valeurs comme le respect » ; pour M. Bedel, il consiste à « valoriser l’élève dans toute sa dimension humaine ».
Quant à la pastorale, M. Delpit insiste, là encore, sur le rôle de la communauté éducative dans son élaboration. Or, l’adjectif « pastoral », qualifie « ce qui est propre aux ministre du culte, et spécialement aux évêques ». Appartient-il à des laïcs de définir ce qui en relève ? Quant au substantif « pastorale », inconnu du Larousse encore en 1968, que désigne-t-il ? M. Bonnin dit qu’il y en a deux dans son collège, l’une pour les croyants (qui s’apparente, on peut le supposer, au catéchisme), l’autre qui comprend un enseignement du fait religieux.
Mais si ce qu’on appelle la pastorale n’offre pas l’occasion de connaître le Christ, il y a tromperie sur la marchandise : c’est une matière qui peut exister et qui existe d’ailleurs à l’école laïque, et qui ne relève pas de la mission des pasteurs. Et s’il s’agit d’un succédané du catéchisme, il y a usurpation de la mission des prêtres.
Tiens, oui, les prêtres ! On n’en aura pas parlé une seule fois au cours de cette émission. L’aumônier ne ferait-il donc pas partie de la fameuse communauté éducative ?
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