Cacophonie pastorale (25/11/2017)
En devenant professeur dans l’enseignement sous contrat, j’ai naturellement souhaité faire le catéchisme. A ma grande surprise, on m’a proposé d’être payé pour le faire. Et finalement, mes offres de service ont été dédaignées. Depuis, je me suis rendu compte que la mode était de bombarder « responsables de la pastorale » des laïcs, nommés et rémunérés par l’école. Cette façon de faire qui pose deux questions : s’agit-il encore de pastorale, et cette organisation est-elle légitime ? Ou bien le loup s’est-il déguisé en berger ?
L’adjectif « pastoral » qualifie tout ce qui concerne la mission d’un évêque. En tout premier lieu, l’enseignement de la foi et l’administration des sacrements. Si donc le contenu de ce qu’on appelle la « pastorale » se réduit à un cours d’histoire de l’Église, ou d’histoire des religions, ou de simple morale, il y a tromperie sur la marchandise.
Beaucoup d’établissement affirment que « tous les élèves suivent la pastorale ». Mais si ce n’est pas enseignement de la foi, une occasion de connaître le Christ, le mot n’est pas juste. C’est le but : il s’agit de mériter l’enseigne « catholique » sans froisser ceux qui sont indifférents ou hostiles au catholicisme : parents, professeurs ou élèves, ils sont l’écrasante majorité.
Quand bien même la pastorale est véritable, c’est-à-dire à peu près synonyme de catéchisme, une autre question se pose : celle de l’organisation.
Si le responsable de la pastorale est un ecclésiastique, il est lié à l’évêque par un vœu d’obéissance. C’est clair. Si c’est un laïc, c’est plus obscur. Est-il simplement au service de l’aumônier et des catéchistes pour établir l’emploi du temps, répartir les salles, préparer les cérémonies religieuses, organiser des œuvres de charité ? Dans ce cas, il n’y a rien à dire. Cela existe dans toutes les paroisses. Ceux qui accomplissent ces tâches sont recrutés et, s’ils ne sont pas bénévoles, payés par la paroisse, et ils répondent de leurs actes devant le curé.
Dans une école, si celui qu’on décore du titre de « responsable de la pastorale » s’occupe d’autre chose que du catéchisme et des sacrements, ce n’est pas de la pastorale. Et s’il se mêle de pastorale véritable, il ne peut le faire qu’en lien étroit avec l’évêque, ou avec celui à qui l’évêque a délégué expressément cette mission.
Or, s’il est salarié de l’établissement, le responsable de la pastorale n’a pas pour employeur le diocèse, mais l’établissement ; il n’a pas pour supérieur hiérarchique l’évêque, ni même l’aumônier, mais le directeur. A qui rend-il donc compte de ses actes ? Auprès de qui prend-il ses ordres ? On est à deux doigts de la constitution d’une hiérarchie parallèle.
Bien entendu, on peut comprendre qu’on compense cet effort par un modique salaire, surtout si la personne en question a renoncé à une brillante carrière pour se vouer à cette tâche. Mais, parfois, celui qui touche ce salaire n’a aucun besoin matériel et, sa tâche accomplie, il rentre dans un magnifique appartement bourgeois que la plupart des parents qui paient les frais de scolarité rêveraient d’habiter. Dans ce cas, le versement d’un salaire ne répond à aucune nécessité apparente.
Pour quelle raison tant d’établissements semblent-ils préférer avoir un responsable de la pastorale salarié, quand bien même le bénévolat semble tout indiqué ? Pourquoi, sinon pour s’affranchir, sans en avoir l’air, de l’autorité épiscopale ?
Le responsable de l’Apel de Paris va jusqu’à dire que « toute la communauté éducative participe à la pastorale ». Autrement dit, cette, attribution exclusive de l’évêque devient l’affaire de tous, y compris d’une Apel qui est, il faut le souligner, non confessionnelle !
Cela illustre comment un usage trompeur des mots et une organisation vicieuse conduisent tout droit au néant, voire à l’apostasie. Une ribambelle de « propositions » qui n’ont rien de « pastoral » remplace alors l’annonce de l’Evangile.
Le malheur est que les bonnes volontés, qui ne manquent pas, ne comprennent rien à l’organisation et se laissent berner par de beaux discours. C’est ainsi qu’on a pu entendre une animatrice de radio Notre-Dame, répétant sans malice une affirmation fausse de M. Balmand, déclarer benoîtement : « Les écoles catholiques ne sont pas confessionnelles. »
Le pire, c’est qu’elle a raison.
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