Plainte contre X... ou contre Y ? (01/12/2017)

L’affaire a été soulevée par Riposte catholique : des parents d’élèves de plusieurs collèges de l’Aveyron se sont émus de la mise au programme de la pièce X, Y et moi ? Je tiens à dire quelques mots de cette affaire, soulevée par Riposte catholique, car il me semble que les critiques de ce site et celles de Boulevard Voltaire, pour légitimes qu’elles soient, sont passées à côté de certains aspects liés au fonctionnement de l’enseignement catholique sous contrat. Elles se sont montrées excessives sur certains points ; mais, en fait, le fond de l’affaire est plus grave qu’il n’y paraît.

1 Côté pile : l’arbre qui cache la forêt

Les collèges Saint Joseph de Rodez, Sainte-Marie de Cassagnes-Begonhès, Notre-Dame de Baraqueville et celui de Salles-Curan n’ont pas déniché d’eux-mêmes la pièce X, Y et moi ? Elle fait partie des spectacles proposés par le conseil général dans le cadre de l’opération « théâtre au collège ». Une commission de la direction diocésaine a examiné la liste des spectacles proposés, afin de vérifier que tous étaient convenables pour des établissements catholiques. Cette pièce n’a pas suscité d’opposition. Mais elle n’a pas non plus été recommandée spécialement.

Le programme, tel qu’il est rédigé par la troupe Cie l’An 01, indique qu’il s’agit de montrer qu’être homme ou femme ne doit pas correspondre à une « normativité » mais au « choix d’endosser tel ou tel, comme un rôle ». Cette manière de présenter les choses évoque irrésistiblement la « théorie du genre », mais sans sans guère s’écarter des discours officiels et ambiants sur la question. Par contre, il est clair que ce qu’on voit sur l’affiche appartient à l’imagerie chère à la mouvance L.G.B.T. La troupe ne cache d’ailleurs pas son appartenance à cette mouvance.

Tout cela ne prouve pourtant pas que la pièce soit une œuvre de propagande. En tout cas, des personnes de confiance qui ont vu la pièce n’y ont rien vu de scandaleux. Si d’ailleurs elle servait de point de départ à un débat dans lequel la conception catholique des vocations respectives de l’homme et de la femme est exposée, il ne me semble pas qu’il y ait rien là d’abominable.

Le rôle de l’homme et de la femme est une question sur laquelle l’Église a réfléchi depuis les épîtres de saint Paul, et qui se pose à notre époque. Et s’il doit y avoir débat, le point de vue de ceux qui pensent qu’il n’y a aucune différence de vocation entre l’homme et la femme doit être examiné. Je doute qu’il en soit ainsi, je l’avoue, mais j’espère avoir tort. D’autant plus qu’un véritable débat serait sans doute plus souhaitable que la situation actuelle.

Ainsi, je ne qualifierais pas les collèges concernés de « très privés », comme le fait Boulevard Voltaire. Ils sont en effet tenus par contrat de suivre les programmes édictés par le gouvernement, et chacun sait qu’une que l’égalité, la parité et même l’identité entre hommes et femmes y sont omniprésentes, et que l’instruction civique présente l’avortement, la contraception et le mariage homosexuel comme d’éminentes conquêtes.

Cette omniprésence dans les programmes est bien plus délétère que n’importe quel spectacle qui peut au moins avoir le mérite de provoquer un scandale salutaire. Mais si on ne pousse pas l’analyse plus loin, le scandale n’est plus que l’arbre qui cache la forêt. Car les mêmes théories se propagent tous les jours, sans affiche ni annonce, distillée par des professeurs qui ne font rien d’autre que ce pour quoi on les paie.

Quant aux établissements, ils n’ont donc pas d’autre choix que de respecter le contrat qu’ils ont signé… ou bien le rompre. Tel est le piège diabolique dans lequel l’enseignement catholique sous contrat est tombé.

 

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