L’assassin de Sainte-Agnès (24/05/2019)
Les parents et les élus (maire, député, sénateur, ancien ministre) sont montés au créneau pour défendre la petite école Sainte-Agnès de Saint-Saturnin-de-Lenne (Aveyron). Rien n’y a fait. Comment comprendre cette affaire (parmi bien d’autres) ? A en croire le directeur diocésain, M. Bauquis, la fermeture de l’école serait le résultat d’une fatalité. Mais il n’en est rien.
L’école Sainte-Agnès compte une quinzaine d’élèves regroupés dans une classe unique. Voilà un fait qui, en apparence, en justifierait la fermeture. Mais en apparence seulement.
Cette affaire, comme bien d’autres, révèle le fonctionnement pervers des directions soi-disant diocésaines. En droit, la décision de fermer une école n’appartient pas au directeur diocésain. Elle appartient ou devrait appartenir au président de l’O.G.E.C., détenteur de la personnalité morale de l’établissement, et au rectorat qui attribue ou non un enseignant à l’école, selon le nombre d’élèves.
Mais, depuis des années, les directions diocésaines ont contraint les O.G.E.C. à modifier leurs statuts pour s’assurer de leur sujétion. Le but ostensible est de gagner en efficacité et en coordination. Mais le but caché est de donner au directeur diocésain droit de vie et de mort sur les écoles.
Dès lors que le président de l’O.G.E.C. admet statutairement être soumis à l’autorité de la direction diocésaine, il ne peut plus s’opposer à la dissolution de l’organisme qu’il préside. Il en résulte que, dans l’enseignement sous contrat, les écoles ne sont plus des établissement indépendants mais de simples filiales d’un « service unique », tel qu’il était rêvé par la loi Savary de 1984.
Un autre moyen de pression sur les écoles est la nomination des enseignants, alors même que ceux-ci sont les employés non de la direction diocésaine, mais des établissements : le directeur diocésain n’est pas signataire de leur contrat de travail, et n’est pas leur supérieur hiérarchique.
Le maire de la commune, M. Affre, déclare : « On en comprend pas. On dédouble les classes dans les banlieues et on ferme une école entière en milieu rural. » Pour comprendre, un élément est la personnalité de M. Bauquis. Ce directeur diocésain, parachuté dans le département, n’a été nulle part et n’a jamais été un défenseur du « caractère propre » de l’enseignement catholique, dont il affirme qu’il est « dans le service public ». Il considère en outre que « l’aménagement du territoire » fait partie de ses missions, ce qui est une pure invention. Donc, quand l’inspectrice d’académie déclare le 5 février dans Centre Presse qu’il n’y aura aucune fermeture d’école à la rentrée 2019, il faut en conclure que M. Bauquis n’a pas cédé à une pression de l’administration. C’est à lui que la responsabilité de la fermeture incombe.
Il a au moins un précédent à son actif : la fermeture du collège privé de Sévérac-le-Château, pour laisser la place au collège public ; et son « déplacement » à Laissac, là où il n’existe aucun collège. (http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/sa...) Là, ce ne sont pas les droits des parents que sert M. Bauquis. Il se fait la courroie de transmission des désirs du rectorat. Et, pour ces projets, les fonds ne manquent jamais ! Pour mieux comprendre ses raisons, il faudrait répondre à la question : où iront les élèves de Sainte-Agnès une fois que l’école aura fermé ?
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