Méchante organisation (13/05/2020)

Il se peut que M. Clément ait commis les fautes qu’on lui reproche. L’organisation de l’enseignement sous contrat rendait même inévitable qu’il les commît. Mais il est connu que bien d’autres les commettent. Il en résulte que, fondées ou non, les accusations contre M. Clément ne sont qu’un prétexte. Le but véritable d’une opération menée dans le secret, à la faveur du confinement, n’était pas de porter remède à des souffrances, mais de faire en sorte que la seule issue possible fût son éviction. En invoquant au besoin ce fameux « apaisement » si utile pour éviter les questions qui fâchent.

Cinquième épisode

Le caractère de M. Clément était bien connu, ce qui ressort notamment de la lettre du supérieur des Chartreux de Lyon à l’archevêque de Paris. M. Canteneur l’a donc nommé en toute connaissance de cause (ou aveuglément, ce qui serait pire).

Dans le cas d’établissements comme Saint-Jean de Passy, cette nomination se fait au terme d’une négociation avec le conseil d’administration. Où siège le directeur diocésain, selon une organisation « en boucle » que j’ai longuement mise au jour. Et où siègent deux représentants de l’Apel, qui est partie prenante des décisions de la direction diocésaine par le biais du C.O.D.I.E.C. (voir notamment ici http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/ar...). En l’espèce, ce conseil a agi explicitement « en concertation » avec M. Canteneur.

Pour recruter les professeurs, M. Clément disposait de son propre jugement et d’un directeur des ressources humaines. Dans les établissements plus modestes, cette liberté est nulle : la direction diocésaine trie les candidats au moyen du préaccord, et en propose un seul par poste, tout refus devant être justifié par écrit. Par la suite, la carrière des professeurs dépend, toujours, de la direction diocésaine. Situation inconfortable pour le directeur comme pour ses collaborateurs, répartis au gré des « mutations » orchestrées par la direction diocésaine, et qui n’adhèrent pas nécessairement au style ni au projet de l’établissement. Surtout si ce projet est catholique, la plupart des professeurs ne l’étant pas. Dans ces conditions, la notion d’« équipe pédagogique » n’est qu’un mot.

Un directeur ne peut pas non plus choisir les élèves, les établissements devant être « ouverts à tous ». Selon la loi Debré de 1959, pas selon le droit canon, qui n’interdit pas cette « ouverture » mais n’y oblige pas non plus. En Angleterre, certaines écoles catholiques, y compris subventionnées, n’acceptent que les élèves baptisés (et parfois vérifient que les parents fréquentent la paroisse). Dans ces conditions, la notion de « communauté éducative » n’est qu’un mot.

On pourrait admettre que les établissements soient soumis à certains contrôles. Existe-t-il une procédure régulière d’audit ? Ou bien celui-ci a-t-il été décidé arbitrairement, selon l’adage de Dostoïevski : « Là où il y a la loi, on peut toujours trouver le crime », dont la version populaire est : « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage » ? Pourquoi pas plutôt au groupe scolaire Saint-Vincent de Paul, qualifié par M. Tercinier d’« établissement à problèmes » il y a dix ans, mais dont la directrice incompétente et acariâtre est toujours en place ?

La liberté que M. Clément prenait dans le recrutement ou le renvoi des professeurs était le seul moyen de constituer une « équipe pédagogique » et une « communauté éducative » dignes de ce nom. Mais c’était échapper à la mainmise de M. Canteneur, et c’est la seule « souffrance » que la direction diocésaine ne tolère pas.

Et il y avait pire : le partenariat établi avec l’école professorale de Paris, fondée en 2016 et dirigée par M. Nemo. Or, l’existence de cette école – et son succès – ébranlent les fondations du système, qui reposent sur deux croyances.

La première est que le caractère catholique est compatible avec des programmes officiels gorgés, toutes matières confondues, de présupposés idéologiques et moraux contraires à l’anthropologie chrétienne et à la doctrine catholique.

La seconde est que les écoles catholiques ne peuvent se passer ni des subsides, ni des services de l’éducation nationale, notamment en matière de formation. Or, l’existence de l’école libre du professorat prouve qu’on peut faire sans. Et qu’un établissement comme Saint-Jean de Passy serait en mesure de résilier son contrat.

C’est là une idée que le secrétariat général et ses filiales diocésaines veulent empêcher de germer dans les esprits. Pas pour défendre un principe. Pour se défendre eux-mêmes.

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