Le temps passe, Mme Saliou… (26/02/2016)

Une petite visite sur la page Facebook de l’Apel nationale m’a laissé rêveur. De quoi parle-t-on partout, à la sortie des écoles, dans les salles des professeurs, dans les journaux ? De la réforme du collège. Et de quoi l’Apel nationale parle-t-elle ? De tout. De rien. Mais en tout cas jamais de cette réforme. Le congrès des Apel approche. Ne serait-il pas temps de parler à vos mandants des questions qui les intéressent ?

Un grand nombre de nouvelles publiées sur cette page suscitent la sympathie. Bien entendu, il y est question de la semaine des Apel, qui aura lieu du 14 au 19 mars. N’ayez crainte (je m’adresse au ministre), il n’y sera pas question de la réforme du collège. Le thème sera : « Les métiers, ça se découvre. » Heureux de l’apprendre.

On annonce aussi des conférences sur des thèmes qui, de fait, intéressent les parents. Ainsi, à propos du « harcèlement en milieu scolaire ». J’y serais bien allé… malheureusement, c’est à Quimper. J’aurais bien aussi découvert les « cinq règles d’or de la réussite scolaire »… malheureusement, c’est à Arradon.

J’ai manqué l’occasion de visiter l’école Sainte-Thérèse d’Angles ou Sainte-Marie de Saint-Julien-des-Landes à l’occasion de leurs portes ouvertes. Il est vrai qu’elles se trouvent en Vendée. Mon cœur saigne à l’idée d’avoir manqué la visite de la cathédrale de Strasbourg au profit du mécénat pour la chirurgie cardiaque et la collecte de papier de l’école Notre-Dame de Questembert.

J’ai appris avec joie que l’Apel de l’école Saint-Louis de Bois-Grenier a fait fabriquer des sacs à son nom, et que les élèves du Sacré-Cœur de la Genétouze avaient reçu des tablettes. Mais mon plus grand regret est de ne pas avoir dégusté les crêpes préparées pour la chandeleur par les parents d’élèves de Massabielle, à Lourdes. Quoique, à la réflexion, je me demande pourquoi celles de l’école de ma fille n’ont pas bénéficié de cette publicité nationale. Elles étaient pourtant délicieuses.

Je n’ai pas besoin de dire que les combats des Apel du Sacré-Cœur de Sévérac-le-Château, de Sainte-Marie-Jeanne-d’Arc de Langon, de Saint-Joseph d’Ambrières-les-Vallées, de la Providence de Pas-en-Artois, ne sont soutenus ni même signalés, ne serait-ce que sous forme d’un écho de presse. Alors même que, dans le cas de la Providence, l’entreprise des parents d’élèves a été traitée sur des chaînes de télévision nationales. Mais ici, tout ce qui laisse deviner la moindre divergence entre l’Apel et le secrétariat général de l’enseignement catholique fait désordre. On n’en parle pas. Au fait… s’il n’existe jamais aucune divergence, pourquoi a-t-on besoin d’une association de parents d’élèves ?

Bref, force est de constater que cette page n’existe que pour amuser la galerie. Ah ! non, pas tout à fait. On repère, de temps en temps, quelques échos des débats qui ont lieu en prévision du congrès du mois de juin, qui aura lieu à Marseille. C’est gentil de nous faire croire que, tout à coup, un débat serait possible au sein de l’Apel. Il s’agit de débattre sur le thème : « Pourquoi l’école ? » Vaste programme.

Tellement vaste qu’on se demande si ce n’est pas pour ça qu’on l’a choisi, plutôt qu’une des questions suivantes : Peut-on encore s’intituler « école catholique » quand la possibilité de découvrir le Christ se réduit à une vague « proposition » ? Ou quand la catéchèse est remplacée par une « poignée de main chaleureuse », conformément à la pastorale de la paluche inventée par M. Canteneur ? Est-il permis ou interdit de faire la prière en classe ? La laïcité doit-elle régner à l’intérieur d’une école catholique ? La présence du Planning familial y est-elle normale ? Les pouvoirs exorbitants des directeurs diocésains sont-ils conformes à l’organisation ecclésiale et aux droits des parents ? Ou encore : l’Apel nationale a-t-elle eu raison d’accepter la réforme du collège le jour même de son annonce ? Voilà des questions qui susciteraient un véritable débat. Elles en suscitent déjà. Mais l’Apel nationale l’ignore.

Ce qu’elle veut, ce n’est pas du débat, c’est de la parlote. On peut discourir pendant des siècles sur la question de savoir « à quoi sert l’école » Avec un sujet pareil, on peut déjà deviner les conclusions de ce congrès. Je pourrais les écrire à l’avance (si ce n’est pas déjà fait). J’annonce d’ores et déjà qu’elles seront conformes aux directives du secrétariat général, répétées avec application par les directions diocésaines et tous les organes et organismes qui, comme les violons d’un orchestre, connaissent par cœur la partition qu’on les paie pour jouer sans en changer une seule note. Toutefois, soyons fous, et imaginons un instant que la conclusion de ce « débat » soit la suivante : « Non, à la réflexion, l’école ne sert à rien. » Voilà qui ferait sensation !

Le temps passe, Mme Saliou. Le congrès approche, et l’impression qu’il ne s’y passera rien d’autre qu’un échange de considérations générales sans aucune portée pratique, entrecoupées de congratulations, ne fait que grandir…

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