Ecoles libres : M. Balmand vous soutient ! (09/04/2018)

L’an dernier, M. Balmand se posait en défenseur de la liberté d’enseignement. Sans doute pour se racheter de la servilité hâtive avec laquelle il avait approuvé la réforme Vallaud-Belkacem. Il faut dire que cet homme, qui ose appeler « liberté » le régime d’assujettissement dans lequel l’enseignement sous contrat est englué, se trouve dans une position qui exige de maîtriser l’art de la contorsion. Il doit à la fois garantir, vis-à-vis du gouvernement, la soumission de l’enseignement sous contrat, et apparaître aux yeux de ses clients naïfs comme un défenseur d’une liberté dont il n’est que le fossoyeur.

J’ai raconté comment M. Balmand s’était posé en héraut de la liberté (http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/ar...). Pour la défendre, ou plutôt pour faire croire qu’elle n’est pas menacée, M. Balmand répète qu’elle est « constitutionnelle », ce qui est faux, ou à moitié vrai, comme je l’ai expliqué (http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/ar...).

Et puis, la liberté, c’est bien, mais point trop n’en faut. Si certains en déduisaient qu’elle consiste à choisir ses professeurs, ses programmes et ses méthodes, ça n’irait plus.

Aujourd’hui, M. Balmand se rachète brillamment de la posture qu’il avait dû adopter bien malgré lui. D’abord, il approuve la nouvelle réforme du collège, même dans ce qui va à rebours de la précédente… qu’il avait approuvée aussi. Ce n’est pas un reproche : il ne fait là que sont métier. Ensuite, il approuve la loi Gatel, qui restreint la liberté d’ouvrir de nouvelles écoles. Présenter une loi liberticide comme une loi de liberté, c’est tout un art. Il y excelle.

Ainsi, il se réjouit que le délai d’information préalable à une ouverture passe de huit jours pour le maire et un moins pour les autres services de l’état, à deux et trois mois respectivement, « ce qui laissera le temps aux autorités d’instruire réellement ces dossiers ». Mais s’il s’agit d’une simple autorisation, qu’y a-t-il donc à « instruire » ?

M. Balmand se réjouit que la loi rappelle la « liberté pédagogique ». Il oublie de dire qu’en fait les inspections se réfèrent désormais au « socle commun », document de trente pages qui inclut de nombreuses composantes idéologiques, méthodiques et pédagogiques, et qui n’est qu’un programme déguisé. Il n’a jamais protesté contre ce socle commun (dû à M. Fillon) et ne le fera pas. Il préfère répéter les garanties purement verbales du gouvernement, destinées à endormir une méfiance qui ferait mieux de garder l’œil ouvert. Du reste, les motifs d’opposition pourront désormais porter sur les programmes (qu’il n’existe aucune obligation légale de respecter) et les volumes horaires. Voilà sans doute ce que M. Balmand trouve « plus clair ».

Autre « source de satisfaction » pour l’enseignement sous contrat : la loi donne la liste des pièces à fournir lors d’une déclaration d’ouverture, ce qui « donne des gages d’objectivité quant aux traitements des déclarations d’ouverture. » Là encore, s’il s’agit d’une déclaration et non d’une autorisation, on ne voit pas bien de quelle « égalité de traitement » il s’agit.

Cette liste de pièces à fournir (en fait fixée par décret) implique que les locaux soient en conformité avec les normes. C’est une évidence… sauf que chacun sait qu’il est rare d’en disposer trois mois avant l’ouverture.

Il s’agit aussi de fournir la liste des professeurs, là encore, trois mois à l’avance. Même dans l’enseignement sous contrat, et même dans le public, c’est loin d’être toujours le cas ! Dans un établissement sous contrat, j’ai moi-même été recruté cinq jours après la rentrée.

D’autres mesures d’apparence anodine, comme l’obligation pour les directeurs d’avoir exercé cinq ans dans le système d’enseignement officiel, ou l’obligation de détenir une licence pour enseigner. priveront les établissements d’un certain nombre de professeurs. M. Balmand le sait : il connaît ses propres difficultés à recruter !

Je ne fais qu’effleurer le sujet, qui a été traité excellemment par les véritables défenseurs de l’enseignement vraiment libre. Mais ce que j’entrevois, c’est que ces mesures ne sont pas prises au hasard. Les inspections inquisitoriales dont les établissements hors contrat sont l’objet ne servent pas seulement à les prendre en faute. Elle sont un moyen de glaner des renseignements, et de trouver les mesures propres à les empêcher d’exister. Sans en avoir l’air.

 

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