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Un nouveau héros de la liberté ?

Comme de coutume, Mme Saliou a emboîté le pas à M. Balmand. Pour une bonne cause, cette fois : la défense de l’enseignement hors contrat. Pour ce faire, elle emploie comme toujours les mêmes expressions que son compère et les mêmes arguments (notamment que la liberté scolaire serait « garantie par la constitution », ce qui est loin d’être si sûr). Saluons ce revirement, après tant d’années employées à jeter la suspicion sur l’enseignement hors contrat. Mais cherchons-en aussi les raisons. Toutes ne sont pas honorables.

Défendre l’école hors contrat, de la part de M. Balmand et de Mme Saliou, c’est chercher à redorer une image ternie en se posant en champions de libertés que, depuis des décennies, les institutions qu’ils président ont mal défendues... et dont elles ont confisqué le peu qui restait. Mais cette pose altruiste ne doit pas masquer qu’ils défendent aussi leur bout de gras.

Si les écoles hors contrat étaient la cible de critiques sournoises, c’est parce qu’elles mettent en lumière la dissolution du caractère catholique de beaucoup d’écoles sous contrat. De plus en plus d’élèves, de moins en moins de christianisme : telle a été la formule du succès. Pour camoufler cette apostasie rampante, on a qualifié de « catholiques » un certain nombre principes qui n’en sont que de lointains produits dérivés – et encore, sans marque déposée. Par exemple, l’« attention portée aux élèves », qualité qu’on peut trouver dans n’importe quelle école. Ou encore l’« ouverture à tous », qui n’est autre qu’une obligation légale et qui s’impose, à plus forte raison, à l’enseignement public.

Par contraste, les écoles libres en pleine croissance attirent les forces vives de l’enseignement sous contrat, ceux pour qui le caractère catholique a quelque chose à voir avec la personne du Christ.

Mais il y a autre chose. La mise sous le boisseau du caractère catholique n’avait pas nui à la prospérité de l’enseignement sous contrat, qui profite de la déconfiture de l’école publique. Fort de ce succès, le secrétariat général s’est cru malin d’approuver hautement la réforme du collège – à moins que des pressions ne l’aient forcé à le faire. Il espérait tirer son épingle du jeu grâce à l’« autonomie » promise. Moins cher que le hors-contrat, meilleur que le public… Tout pour continuer à prospérer.

Or l’autonomie n’est pas au rendez-vous. On croyait pouvoir ruser, en rebaptisant « enseignements pluridisciplinaires » les bonnes vieilles options latin, grec, ou allemand, et continuer comme devant. Ce ne sera pas si facile. En fait d’autonomie, il faudra, pour conserver les anciennes options, ouvrir des classes ou proposer des options… hors contrat. Et payantes.

Premier inconvénient : la différence de prix entre les écoles sous contrat « ouvertes à tous » et les écoles hors contrats « réservées à quelques-uns », qui n’est pas toujours aussi grande qu’on le dit, va se réduire.

Second inconvénient : le mythe de l’autonomie et de la liberté passées et présentes de l’école sous contrat s’effrite. Et la faute commise par le secrétariat général et son croupion (l’Apel) apparaît au grand jour.

Troisième inconvénient : le régime ayant changé, il faudra une autorisation pour ouvrir ces classes hors contrat au lieu d’une simple déclaration. Or, pour éviter qu’on ne contourne sa réforme, le ministère pourrait bien refuser ces autorisations. De plus, avant d’obtenir un contrat, une école doit avoir cinq ans d’existence. Un régime d’autorisation serait donc une gêne pour l’ouverture d’établissements, même ayant vocation à signer un contrat qui ne peut être accordé qu’en raison d’un « besoin scolaire reconnu ».

Tout ça n’est pas bon pour les affaires. Mais ce n’est pas tout.

En premier lieu, c’est la preuve que signer un contrat limite grandement la liberté. Cela vaut pour les nouvelles écoles. Mais aussi pour celles à qui, au fil du temps, le statut sous contrat a fait perdre leur... caractère propre. Le secrétariat général avait beau répéter que tout allait bien, que ces contrats étaient tout à fait compatibles avec la liberté... chacun constate depuis longtemps que c’est faux. L’intervention de M. Balmand est un aveu.

En second lieu, cela souligne qu’aux yeux de l’Eglise et des organismes qui s’en réclament, la vraie différence n’est pas et ne peut pas être, comme on veut le faire croire, entre les écoles sous contrat et hors contrat, mais entre les écoles catholiques et celles qui ne le sont pas (ou plus). Le secrétariat général a mis les écoles sous contrat sous sa coupe non pas parce qu’elles sont catholiques (ce que cette étiquette recouvre lui importe d’ailleurs peu), mais à la faveur de ces contrats. Le fait que les écoles hors contrat, même authentiquement catholiques, échappent à son emprise, prouve qu’il n’est dépositaire d’aucune « mission d’Eglise », au contraire de ce qu’il prétend.

Cette contradiction révèle, à elle seule, l’illégitimité du système. En somme, M. Balmand ne vient au secours de personne d’autre que de lui-même et de son administration. Tout ce qu’il demande, c’est que rien ne change. Manière comme une autre de faire croire que, jusqu’ici, tout va bien. Pour ce qui est de la défense de la liberté, il a donc tout l’air d’être un faux témoin.

 

Lien permanent Catégories : Balmand (Pascal), Contrats, Hors contrat, Saliou (Caroline), Secrétariat général 0 commentaire Imprimer

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