Au cœur du problème (05/06/2018)

Des parents d’élèves de Saint-Jean de Passy et des professeurs de Sainte-Marie de Meaux se plaignent que ces écoles soient… catholiques. Voilà qui ne révèle pas seulement l’état d’esprit qui règne dans l’enseignement catholique sous contrat. Il dévoile la question de fond, qu’on oublie toujours de poser : celle de l’organisation. L’enseignement catholique ne souffre pas (seulement) de la présence de méchantes gens. Il souffre d’une organisation perverse, pilotée par des apostats parés du nom trompeur (ou révélateur) d’« humanistes ».

Les faits ont été rapportés par le Parisien le 4 juin (http://www.leparisien.fr/societe/paris-le-lycee-catholiqu... et http://m.leparisien.fr/seine-et-marne-77/meaux-debrayage-...).

Toutes les réponses ont été apportées quant à la légitimité pour une école catholique d’être catholique. La question que je pose est la suivante : est-ce encore possible ?

Le caractère catholique n’est défini que par le fameux et fumeux « caractère propre ». Ce n’est déjà pas beaucoup. Mais qui définit ce caractère, et qui décide s’il veut dire « catholique » ou autre chose (par exemple, dans la bouche du secrétaire général, M. Balmand, « humaniste ») ?

On peut supposer que c’est le directeur diocésain, nommé par l’évêque. Mais cela n’est pas dit explicitement dans le « statut » obscur et autoproclamé de l’enseignement catholique.

Toute l’organisation mise sur pied depuis la loi Debré de 1959 a été faite pour conduire à la situation actuelle. Ainsi, l’instrument de domination du directeur diocésain sur toutes les composantes de l’enseignement catholique sous contrat est un comité, le C.O.DI.E.C., d’apparence collégiale et démocratique, dont j’ai parlé notamment ici http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/ar... et là http://chroniquedelecolepriveedeliberte.hautetfort.com/ar.... Normalement, c’est le directeur diocésain, secrétaire général statutaire du C.O.D.I.E.C., qui tire les ficelles.

Mais qui siège dans cet organisme ? Toutes sortes d’autres organismes qui se trouvent ainsi habilités à donner leur avis sur tous les sujets. Les représentants des congrégations religieuses, ce qui est bien normal. Mais aussi l’Ugsel, par exemple, qui s’occupe des activités sportives. Mais aussi les syndicats de professeurs. Mais aussi l’Apel.

Or, ni l’Ugsel, ni les syndicats, ni même l’Apel ne sont confessionnels. Ils ne sont pas censés défendre le caractère propre de l’école, surtout si ce caractère propre est d’être catholique.

C’est un point très important. Toute cette organisation sert le pouvoir du secrétaire général, M. Balmand, et des directeurs diocésains dont il est, à en croire le « statut » de l’enseignement catholique, « le premier interlocuteur ». Mais si le C.O.D.I.E.C. devait décider vraiment démocratiquement si le caractère propre est un caractère catholique, la majorité appartiendrait automatiquement à des associations non confessionnelles.

Ce ne sont pas seulement des gens de mauvaise volonté qui se sont immiscés dans l’enseignement catholique sous contrat. Ce sont des gens mal intentionnés. Ils ne se contentent pas d’être là. Ils ont tricoté une organisation impénétrable, contraire à la saine organisation de l’Église et au droit canon comme à la liberté des écoles. Il est difficile de se dépêtrer de ce réseau, comme les affaires dont nous parlons l’illustrent.

Pour sauver l’école catholique, remplacer les gens de mauvaise volonté par des gens de bonne volonté ne servira à rien, ou pas grand’chose. Ce qu’il faut, c’est démanteler l’organisation et, ainsi, désarmer les réseaux qui l’ont colonisée.

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