Le mot d’une mère de Saint-Louis à propos de la « naïveté », des parents de Saint-Charles visait moins à blâmer ces derniers qu’à pointer du doigt l’hypocrisie du directeur diocésain, M. Canteneur. Les parents de Saint-Charles ont accordé leur confiance à qui ne la méritait pas. Ils ont « choisi de faire confiance », selon leur propre expression, ce qui est à leur honneur. Mais cela ne les a pas empêché de faire part de leur inquiétude (toujours légitime, et désormais justifiée) à de nombreuses reprises.
Septième épisode
Le 17 mars, le Parisien se faisait l’écho de la fondation, par Mme Lavedrine, de l’association Pour que vive Saint-Charles : « Pourront-ils sauver le petit internat de l’école Saint-Charles, le seul internat primaire de Paris ? Les parents et les enseignants de cette école atypique de la rue Blomet, exemplaire d’une mixité sociale et pédagogique qui la rend d’autant plus unique, veulent encore y croire. Pourtant la fermeture de l’école de 180 élèves de quatre à onze ans est programmée pour le mois de juin. De l’autre côté des grandes vacances, elle fusionnera avec l’école Saint-Louis, proche voisine. En revanche, aucune alternative n’a encore été trouvée pour la cinquantaine de places d’internat, dont une quinzaine destinées à des enfants boursiers, confiés par l’aide sociale à l’enfance ou par la justice. »
Que l’internat ait dû fermer, en raison de la nécessité pour les religieuses de vendre les locaux (afin de mettre leur maison aux normes médicalisées pour continuer d’y vivre), il ne m’appartient pas de le discuter. Mais avoir fait croire aux parents de Saint-Charles que l’identité de l’école pourrait perdurer, malgré la fusion avec Saint-Louis qui a une culture tout autre, ce n’est pas acceptable.
Apparemment, certains parents de Saint-Charles ne l’acceptent pas, comme en témoigne la lettre qu’ils ont adressée au directeur diocésain, M. Canteneur, le 11 septembre 2016. Ils y reconnaissent d’abord que le projet de fusion des deux écoles Saint-Louis et Saint-Charles avait été « décrit précisément », que « la communication était très claire » et qu’ils avaient « choisi de faire confiance ». Mais il semble que ces compliments, qui ont l’air de clauses de style, ne soient là que pour mieux souligner les déconvenues ultérieures. Voici en effet la suite.
« Force est de constater que la préparation et maintenant la rentrée nous inquiètent. On n’entend plus parler de fusion mais d’une “absorption”.
« Juridiquement, c’est l’O.G.E.C. Saint-Louis qui est devenu l’O.G.E.C. Saint-Christophe, alors que l’école Saint-Charles a disparu ; les locaux sont ceux de l’ancienne Saint-Louis, et la directrice également. Tout cela, nous le savions et l’avions accepté. En effet, au-delà de l’aspect juridique et immobilier, c’était bien une “fusion” qui était promise, prévue et attendue. Or, les applications concrètes de cette “fusion” semblent en contredire l’esprit. (…)
« Toutes les règles de Saint-Louis ont été maintenues, sans prise en compte de celles de Saint-Charles : port de la blouse obligatoire, horaires de scolarité (…), règles de vie ou habitudes assez différentes (…) qui causent un désarroi chez les enfants et leurs parents. (…)
« La fusion des deux Apel est envisagée par l’ancienne Apel Saint-Louis comme une simple absorption, “puisque l’Apel Saint-Louis existe toujours”, et selon les modalités de fonctionnement qui présidaient auparavant – très différentes de celles de Saint-Charles. (…)
« Aujourd’hui, le changement de nom de l’école est le seul changement concret visible, et vos engagements sont contredits. (…) Nous avions pris soin de réunir les deux Apel avant l’été pour poser les bases d’une fusion et pour échanger sur les bonnes pratiques et attentes de chacun. L’ancienne présidente de l’Apel Saint-Louis signe désormais au nom d’un Apel Saint-Christophe qui n’existe pas encore, sans concertation, et nous écrit fermement : “Il n’y aura pas de fusion.” (…)
« Monsieur le directeur, nous avons cru en votre parole et sommes toujours prêts à nous mobiliser avec enthousiasme et bon esprit pour cette nouvelle école que vous nous avez annoncée. Mais l’histoire nous a rendus vigilants, et vous nous avez d’ailleurs encouragés à cette “bonne vigilance” ! »
Voilà une lettre circonstanciée qui appelle des réponses claires, nettes et précises. J’ai sous les yeux la réponse de M. Canteneur, dont je remets le commentaire à un prochain article mais dont chacun devine qu’elle n’est ni claire, ni nette, ni précise.