M. Bauquis, directeur diocésain de Rodez et Cahors, tranche sur la plupart des ses confrères, moins par sa tenue négligée que par ses discours. Il est vrai qu’il nous épargne les prêches assommants que la plupart de ses confrères nous infligent. Mais gagne-t-on vraiment au change ? Voici que, lorsqu’il ne déclare pas que l’enseignement catholique est « dans l’éducation nationale », il tient un langage de boutiquier qui n’est pas moins troublant.
Lors de sa nomination de M. Bauquis à la direction diocésaine de l’Aveyron et du Lot, en 2012, Enseignement catholique actualités remarquait que son profil « dénotait » parmi ses collègues » (l’auteur voulait sans doute dire qu’il détonnait). Cet ancien conseiller de gestion à l’Urogec de Franche-Comté et responsable du pôle compétences et expertises de la Fnogec disait souhaiter « passer un nouveau cap dans son parcours, du fonctionnel et du conseil à l’opérationnel ». Ça se pose là, pas vrai ? « J’ai toujours trouvé beaucoup de sens à cette mission d’accompagnateur au sein d’un territoire, qu’est celle du directeur diocésain. » Il espérait « déployer les conditions de réussite de l’établissement au territoire […] et mettre l’ensemble du réseau en projet ».
Nous avons vu que M. Bauquis se disait « en phase » avec le directeur académique de l’éducation nationale, et considérait que les écoles catholiques appartiennent à « l’éducation nationale » et à « l’école de la république ». Mais au style administratif (dont il maîtrise toutefois le caractère abscons, comme on vient de le voir), il préfère le style gestionnaire. « Nous devons adapter l’offre aux besoins », déclare-t-il, citant parmi ses « axes prioritaires » la « valeur ajoutée éducative », avant d’affirmer : « Il faut en finir avec les établissements isolés. » Voilà qui ne manquera pas d’éclairer les parents d’élèves et l’O.G.E.C. du Sacré-Cœur de Sévérac-le-Château sur l’attention qu’il compte porter à leurs doléances.
Dans sa déclaration du 6 février 2016, rapportée par la Dépêche du Midi, il présente le « réseau d’établissements ruthénois » comme « une gamme de produits complète, une offre cohérente », et il explique pourquoi : « Sans quoi nous risquons de perdre notre place. » Cette place, c’est la proportion d’élèves inscrits dans l’enseignement catholique. Sa langue a fourché : il voulait parler de parts de marché.
Il veut faire en sorte que « les structures ne travaillent plus seules mais en bassin de formation, dans l’intérêt de l’enfant ». Dans l’intérêt de l’enfant… Mieux compris, pense-t-il sans doute, par le directeur diocésain que par les parents ?
M. Bauquis parle de « synergie » ou encore de « qualité supérieure des équipes pédagogiques » et d’« émulation », et la Dépêche comprend bien ce qu’il veut dire : « Il n’a pas non plus caché que la logique économique était entrée en ligne de compte. “Il est évident que cela coûte moins cher d’être présent sur deux sites que sur quatre”, a-t-il expliqué. » Pour employer l’affreux langage des programmes officiels, on dirait qu’il emploie le champ lexical du commerce. Dans sa bouche, les écoles ne sont que des « structures » et des « sites ». Les parents... des clients ? Et les écoles... des filiales de sa boutique ?
La plupart des directeurs diocésains camouflent leur vraie nature sous des allures de frères prêcheurs. Au moins, M. Bauquis ne se cache pas d’être un cost-killer.