Le Salon beige a signalé, le 19 mai dernier, qu’un collège catholique de Sainte-Foy-la-Grande avait invité le grand maître de la loge locale du Grand Orient à prononcer une conférence sur le thème : « Actualité de la laïcité ». Cette invitation a, par elle-même, de quoi attirer l’attention. Mais la réponse de la directrice aux parents et aux professeurs qui s’en sont étonnés est encore plus intéressante.
De quel collège s’agit-il ? Le Salon beige ne le dit pas, mais comme il n’y a qu’un seul collège catholique à Sainte-Foy, il ne peut s’agir que du collège Anglade-Langalerie, dont la directrice est Mme Maillé. Sur le site de ce collège, on trouve une page consacrée à la pastorale. Celle-ci englobe bien des choses qui n’ont que de vagues rapports avec le catholicisme. On y lit que « la proposition de l’Evangile est la justification essentielle d’un établissement catholique ». Il y a donc bien quelque chose d’essentiel, mais ce n’est pas l’Evangile lui-même : c’est le fait de le « proposer ». En somme, ce qui semble être essentiel est en réalité facultatif. Il est même essentiel que ce soit facultatif. On admire, une fois de plus, l’art de dire une chose en ayant l’air de dire son contraire. Et on se pose la question : quelle est la différence avec un établissement laïc, dont l’aumônerie, elle aussi, « propose » l’Evangile, mais où il est tout aussi essentiel que cette proposition soit facultative ?
La proposition en question comprend deux option : la catéchèse, ce qui devrait aller sans dire ; et « la réflexion humaine, pour les familles qui ont d’autres convictions ». De la « réflexion humaine » à l’humanisme, il n’y a qu’un pas. Ce qui nous ramène au sujet qui nous occupe : la franc-maçonnerie, et en l’espèce le Grand-Orient, obédience la plus opposée à l’Eglise catholique. Ce qui oblige à rappeler que l’appartenance à la franc-maçonnerie, quelle qu’en soit l’obédience, est incompatible avec la communion catholique, comme les papes successifs l’ont affirmé depuis les origines de ce mouvement et jusqu’à nos jours.
Je ne sais pas ce que Mme Maillé a répondu aux parents aux professeurs qui se sont étonnés de cette invitation, mais le Salon beige nous apprend ce qu’elle a répondu l’an dernier dans des circonstances similaires (car elle n’en est pas à son coup d’essai, ce qui implique l’accord tacite de la direction dite diocésaine). Elle commençait par une pirouette : « Votre étonnement est de bon aloi puisque la réflexion commence avec l’étonnement ! » Admirable réplique. Des débats sur des sujets comme la réalité du réchauffement climatique, les attentats du 11 septembre ou les voyages de l’homme sur la lune (entre autres sujets qui fâchent) passionneraient les élèves. Inviter ceux qui contestent les versions officielles de ces faits ne manquerait pas d’inciter à la réflexion. Mais aussi de susciter un étonnement que Mme Maillé ne trouverait peut-être pas « de bon aloi »… Mais passons.
Son invité de l’an dernier intervenait « sur l’humanisme dont les valeurs sont enseignées à nos élèves et partagées par toutes les religions et les personnes de bonne volonté… » On remarque l’absence de virgule après le mot humanisme. Il ne s’agit donc pas de « l’humanisme, dont les valeurs sont enseignées… », et dont l’humanisme chrétien pourrait être une variante, mais de « l’humanisme dont les valeur sont enseignées… ». Il faut en conclure que l’humanisme qu’on enseigne dans ce collège est identique à celui qu’on professe partout ailleurs, y compris dans les loges maçonniques, qui se targuent d’en être les temples. Exactement comme l’Eglise catholique est dépositaire d’une révélation dont elle admet qu’elle peut être pressentie par d’autres religions ou par la sagesse des hommes. Pour Mme Maillé, le catholicisme ne serait-il qu’une tentative parmi d’autres de parvenir à l’humanisme ? N’insistons pas, car il est peu probable qu’elle maîtrise à ce point les subtilités de la ponctuation.
Mme Maillé dit que son invité est franc-maçon « comme l’était Mozart… » Certes. Mais on écoute Mozart parce que c’est un grand compositeur, non parce qu’il était franc-maçon (et un mauvais franc-maçon, qui faisait sa prière tous les soirs). A-t-elle invité M. Portnoff l’an dernier et M. Quillardet cette année bien qu’ils soient francs-maçons, ou parce qu’ils le sont ? La réponse semble évidente.
Mais Mme Maillé invite à considérer son invité comme « un publicain ». Il appréciera d’avoir été invité pour offrir aux élèves l’occasion de donner le baiser au lépreux ! De plus, il semblerait que le Christ invitait les publicains à se convertir, et non à prononcer des conférences !
« L’éthique d’ouverture qui est la mienne interdit d’exclure qui que ce soit », dit aussi Mme Maillé. Il faut en déduire que quiconque demande à prononcer une conférence dans ce collège y sera reçu. Sinon, cela ne veut rien dire, car on ne peut exclure que ce qui est déjà à l’intérieur. Je me propose donc pour y prononcer une conférence sur l’apostasie des chefs d’établissements et les trahisons des directions diocésaines. La date reste à fixer, mais il va de soi que l’« éthique d’ouverture » de Mme Maillé lui interdit de m’« exclure ». A bientôt, donc.