Aux amateurs de frissons, je me propose à présent de raconter l’histoire du collège Sainte-Thérèse de Lalbenque, chef-lieu de canton du Lot qui compte un peu moins de deux mille habitants, mais avec une population jeune et en pleine croissance. Mais puisqu’on dit que « les gens heureux n’ont pas d’histoire », à quoi bon narrer celle-ci ? Patience. Dans ce premier épisode, M. Bauquis, le directeur diocésain, n’est encore qu’un ectoplasme. Mais bientôt, son spectre viendra hanter ce joli coin de campagne du Quercy.
Premier épisode
Lalbenque compte une école publique primaire de 180 élèves et une maternelle d’une centaine d’élèves, ainsi qu’une école privé maternelle et primaire d’une cinquantaine d’élèves au total : Sainte-Thérèse. Cette école, dont l’existence est très ancienne, a connu une fulgurante augmentation de ses effectifs à l’occasion des changements de rythmes scolaires du public, puisqu’elle ne comptait auparavant qu’une trentaine d’élèves.
Le collège Sainte-Thérèse est un nouvel établissement qui a ouvert à la rentrée 2014 dans des bâtiments préfabriqués dans la cour de l’école privée Sainte-Thérèse. A la rentrée 2016, ce collège est entrée dans ses nouveaux locaux. Les travaux, entrepris dans un ancien entrepôt de menuiserie, ont commencé le 12 Avril 2016, pour une rentrée réussie au 1er septembre bien qu’ils ne fussent pas encore achevés.
Fonder un collège est, on s’en doute, une entreprise qui exige de la passion, de l’énergie, de la persévérance. Qualités dont il faut faire crédit à M. et Mme Jacquet, initiateurs du projet. M. Jacquet étant par ailleurs chef d’établissement du groupe scolaire Saint-Etienne de Cahors (1 200 élèves). Ils tinrent eux-mêmes une permanence pour inscrire les futurs élèves d’un collège encore inexistant, et ce malgré les railleries de tout un village, dans un petit local sans eau ni électricité , rue du Marché aux truffes.
Non seulement ils ont porté le projet, mais ils lui ont donné tout sons sens : un collège de proximité, de village même, pour que les enfants du canton n’aient pas à faire vingt kilomètres à faire pour aller jusqu’au collège le plus proche (Castelnau-Montratier). Mais aussi un collège avec des valeurs, de la discipline, prenant en compte chaque enfant dans son individualité avec ses problèmes (au moins un enfant autiste est élève de ce collège après un essai dans le public à Castelnau-Montratier) mais aussi ses capacités (enfant précoces), et l’adaptation du programme en conséquence. Mais aussi et surtout un collège qui prépare au mieux les enfants à leur avenir, avec des devoir sur table en conditions d’examens et plein d’autres choses.
Aujourd’hui, après seulement deux années scolaires d’existences, ce collège compte 94 élèves, et les inscriptions sont complètes pour la rentrée prochaine et quasi complètes pour la suivante. Autant dire que ce projet est une totale réussite.
M. Jacquet y est chef d’établissement bénévole, Mme Jacquet directrice adjointe) et Mme Ladirat à la fois conseiller principal d’éducation et professeur d’espagnol). Ils ont dirigé les travaux du nouveau bâtiment tout l’été, samedis et dimanches compris, avec les artisans et certains parents d’élèves… sans que leur hiérarchie manifeste le moindre intérêt.
Cette hiérarchie existe, pourtant, si du moins l’on en croit le fantasmagorique « statut » de l’enseignement catholique. Elle s’incarne, de manière quasi mystique, en la personne sacrée du directeur diocésain, M. Bauquis. Celui-ci va bientôt faire son entrée, précédé du bruit de chaînes qui annonce l’apparition des fantômes – à moins qu’il ne s’agisse des chaînes de l’esclavage.