Dans son entretien à radio Notre-Dame dans le Grand Témoin, M. Canteneur a commencé par dire qu’il se désolait que les établissements parisiens fussent élitistes. En fait, il s’en accommode fort bien. C’est même sa faute et celle de l’organisation au sein de laquelle il fait carrière. Il affirme ensuite que les établissements sont « autonomes »… mais pas « indépendants ». Subtil. Trop subtil même, car il est facile de voir qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre, et que M. Canteneur et ses semblables font tout pour qu’il en soit ainsi.
Deuxième question : quelle autonomie ?
L’élitisme est une choix de la plupart des établissements parisiens et des grandes villes. Soyons nets : ceux qui ne font pas ce choix, c’est parce qu’ils ne le peuvent pas, parce qu’ils sont dans un quartier « pourri ». Mais c’est un choix qu’ils ne peuvent faire qu’avec l’accord et même l’appui du directeur diocésain, puisque c’est lui qui nomme les directeurs et les professeurs.
Pourtant, M. Canteneur affirme sans rire que les établissements sont « complètement autonomes »… et se hâte de préciser qu’ils ne sont « pas indépendants ». Subtil distinguo !
Une école qui ne choisit ni son directeur, ni ses professeurs, ni ses programmes, ni ses horaires, ni même ses dates de vacances, est-elle « autonome » ?
Etre autonome, c’est avoir le droit de se gouverner soi-même, ou de choisir son dirigeant ; et que ce dirigeant ait le droit de mener sa propre politique dans des domaines nettement et nommément définis – et substantiels : or, que reste-t-il à décider aux directeurs ? Le menu de la cantine ? La disposition des tables ? Le costume en papier crépon du spectacle de la kermesse ?
Pendant des siècles, les écoles catholiques ont nommé leurs directeur et choisi leurs professeurs. Le secrétariat général, et ses sbires les directeurs diocésains, leur ont confisqué ce droit. C’est d’autant plus fâcheux que cela contrevient au principe de subsidiarité auquel le prétendu « statut » de l’enseignement catholique est une insulte.
Pour justifier toutes ces usurpations, M. Cantenteur emploie la méthode habituelle : il grimpe dans sa chaire de prédicateur, et, de là-haut, déclare souhaiter une « communion » entre les établissements. Cette prétendue communion se traduit curieusement, selon lui, par une « unité de vision ». Unité consiste sans doute à tout voir par ses yeux à lui. Mais confondre « communion » et « unité de vision », c’est prouver le contraire de ce qu’on veut prouver. C’est prouver que les écoles sous contrat ne sont pas autonomes : on n’a besoin d’être autonome que parce qu’on a une diversité de visions, justement ! Sinon, cela n’a aucun sens.
Je fais remarquer au passage qu’aucune association catholique, quelle qu’elle soit, fût-elle même une congrégation, n’est soumise à un quelconque « statut » rédigé par un secrétariat général autoproclamé. Chacune a son propre statut. Toutes sont non seulement autonomes, mais indépendantes. Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas déclarer qu’une famille ne pourra se dire catholique qu’à condition d’adhérer (et de cotiser) à une association familiale monopolistique ? Associations, mouvements, familles et fidèles catholiques ne sont pas unis à l’Église par une structure administrative quelconque mais, en effet, par la communion.
Pour cela la seule condition est d’être… vraiment catholique. Ce dont l’évêque est le premier garant : lui seul, par exemple, peut donner le sacrement de confirmation ; et c’est à lui qu’il revient de déclarer si une association quelconque établie dans son diocèse peut à bon droit se dire catholique.
Or, toutes ces écoles que M. Canteneur appelle à entrer en communion, sont-elles encore catholiques ? C’est la question à laquelle M. Canteneur va maintenant répondre.