Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le contrat de défiance

Cette année, le baccalauréat se fera par contrôle continu, et les admissions à l’enseignement supérieur sur dossier. Problème : les établissements privés élitistes notent leurs élèves bien en dessous des moyennes pratiquées ailleurs. Et ailleurs (là où une notation normale provoquerait des vagues de dépressions et de suicides), on les note bien au-dessus. Résultat : plus on est mauvais, meilleur est le dossier. Et les épreuves écrites ne sont plus là pour remettre chacun à sa place. On crie à l’injustice. Mais est-ce bien d’injustice qu’il est question ?

Pour contrebalancer les effets de la disparition des épreuves écrites, certains établissements privés ont réédité les bulletins passés en rehaussant les notes de deux ou trois points. Mais certains l’ont fait sans le dire aux autres, si bien que les élèves de Saint-Jean glapissent que ceux de Stanislas seront avantagés pour l’accès aux sacro-saintes classes préparatoires.

Passons sur l’esprit de solidarité, de concertation et de charité que ces vifs échanges ont révélé. Passons aussi sur la légalité d’une réédition de bulletins revus et corrigés. Ce tour de passe-passe (qui concerne des documents officiels) semble approuvé par le rectorat, qui n’ignore pas qu’une foule d’élus, même les plus laïcards, inscrivent leurs enfants dans le privé (sans parler des professeurs du public eux-mêmes).

Mais on peut s’interroger sur le décalage entre les notes d’un établissement à l’autre. On comprend que les établissements publics surnotent leurs élèves : c’est pour camoufler la faillite du système. Pourquoi les établissements privés sous-notent-ils les leurs ? Pour la même raison : camoufler la faillite du système. D’habitude, ils en profitent pour remplir leurs classes des bons élèves qui fuient le public.

Toutefois, ces établissements sous contrat ont, comme leur nom l’indique, signé un contrat avec l’état. Qui les oblige à suivre les programmes officiels. Si ces programmes sont bons, on ne voit pas pourquoi les notes ne seraient pas normales. Si les notes ne sont pas normales, c’est qu’on ne suit pas les programmes, et chacun sait que les exigences de ces établissements vont, en effet, au-delà de ces programmes.

Mais la question demeure : si les programmes sont mauvais, pourquoi s’engager à les appliquer ? Pour, au final, ne pas le faire ? La question est simple : pour encaisser l’argent. Tout en rusant avec le système.

Les événements actuels rappellent que l’existence d’un enseignement privé sous contrat dépend entièrement du bon vouloir du gouvernement. Il ne peut exister qu’en fonction d’un « besoin reconnu ». Reconnu par l’état, l’un des signataires, et selon des critères et des procédures non définis à l’avance.

Cette fois-ci, le gouvernement a choisi d’accepter un trucage administratif. Il aurait pu ne pas le faire. Ce rappel de la précarité de leur existence ne manquera pas d’encourager le secrétariat général et les directions diocésaines à persister dans la soumission zélée dont ils font preuve depuis des décennies.

Lien permanent Catégories : Baccalauréat, Contrats, Contrôle continu, Loi Debré (1959), Saint-Jean (Passy), Stanislas (Paris) 0 commentaire Imprimer

Les commentaires sont fermés.