Deuxième épisode
Mais ne nous cache-t-on pas quelque chose ? Qui peut croire que le seul reproche que la direction diocésaine adresse à Sainte-Marie-Jeanne-d’Arc soit d’être trop catholique ? La réponse à la première question est : oui, on vous cache quelque chose. A la seconde, la réponse est : oui, le seul reproche fait à cette école est d’être trop catholique.
On peine à croire que le seul crime de Sainte-Marie-Jeanne-d’Arc ait été d’installer une crèche et d’accrocher des crucifix. Il doit y avoir autre chose : misère pédagogique, discipline brutale, élitisme social, culture de l’« entre soi » ?
Voyons un peu ce qu’en dit M. Laguérie : « Malgré ce contexte diocésain difficile, l’école Sainte-Marie-Jeanne-d’Arc a développé, sous l’égide de la directrice, un projet pédagogique innovant et moderne auquel les parents sont particulièrement attachés. Ce projet comporte méthode analytique d’apprentissage de la lecture, accompagnement personnalisé de chacun des élèves, école ouverte à tous, croyants ou non croyants, cours d’instruction religieuse aux volontaires, possibilité de fréquenter un oratoire interne, proposition d’un parcours Teenstar d’éducation affective et sexuelle. Ce projet a fait ses preuves puisque, sans aucune sélection préalable, on constate 100 % de réussite au brevet des collèges, avec de nombreuses mentions très bien, et d’une façon générale une remise en confiance et à niveau d’enfants en situation préalable d’échec. »
On ne lit rien, dans cette description, qui aille à l’encontre des directives du secrétariat général de l’enseignement catholique, relayées avec fidélité (pour ne pas dire servilité) par les directions diocésaines tout comme par l’Apel. Sainte-Marie est « ouverte à tous, croyants ou non croyants » et « sans sélection préalable », les cours d’instruction religieuse ne sont suivis que par les « volontaires », fréquenter l’oratoire est une « possibilité » et non une obligation. On peut même y suivre un parcours d’éducation affective et sexuelle.
Oui, mais… Ce parcours, c’est le programme Teenstar, qui, de mon point de vue, ne mérite que des éloges ; mais peut-être pas du point de vue de la direction diocésaine. Ce parcours est non confessionnel ; toutefois, le message de l’Eglise sur la sexualité peut y être développé sur demande. Avouons-le : on n’y fait pas l’éloge de la contraception chimique : c’est au contraire le respect des cycles naturels qui y est à l’honneur.
Il ressort de tout cela que le seul grief de la direction diocésaine contre cet établissement est bel et bien d’être « trop » catholique. La conclusion de M. Laguérie confirme cette impression : « On a pu constater aussi des retours à la foi d’élèves et de leurs parents, et même quelques baptêmes. » Des baptêmes ? Quelle horreur ! Et pourquoi pas des vocations, tant qu’on y est ?