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Touche pas au grisbi !

D’ordinaire, Mme Saliou est muette. Elle est muette quand des livres pornographiques sont introduits dans les écoles catholiques. Elle est muette quand les établissements sont supprimés contre l’avis des parents. Bref, elle n’ouvre d’ordinaire la bouche que pour y introduire des petits fours. Ou bien pour approuver toutes les réformes imposées par le gouvernement. Mais quand il est question d’argent, c’est autre chose. Tout à coup, elle a plein de choses à dire : et c’est le cas depuis que M. Mélanchon propose de supprimer le financement public de l’enseignement sous contrat.

Pour défendre son bout de gras, Mme Saliou prend, une fois n’est pas coutume, un ton martial: « Nous ne pouvons accepter que M. Mélenchon glisse discrètement dans son programme une mesure, la suppression des lois Debré et Rocard, qui aboutirait purement et simplement à la disparition de la très grande majorité des établissements de l'enseignement catholique. » Voilà qui est plaisant. Depuis quand les candidats devraient-ils demander à Mme Saliou l’autorisation de « glisser » dans leur programme les mesures qu’il leur plaît d’y faire figurer ?

Mme Saliou se fait menaçante : « Soit M. Mélenchon réfute cette mesuresoit il confirme ce choix de supprimer le principe du contrat d'association voulu par les lois Débré de 1959 et Rocard de 1984. Il doit le dire clairement aux Français. » Mais il me semble que M. Mélanchon a parlé on ne peut plus clairement, et sans attendre que Mme Saliou le lui odronne !

Après ces déclarations bien senties, quoique dépourvues de la moindre portée pratique, Mme Saliou se consacre longuement à un exercice obligé : la défense et illustration de la loi Debré de 1959, à laquelle elle adjoint la loi Rocard de 1984 concernant l’enseignement agricole, ce qui est une originalité destinée sans doute à manifester un esprit d’impartialité (ou de flatterie) à l’égard de la gauche.

Défendre ces lois, ce n’est pas difficile. Tout le vocabulaire est fourni par le secrétaire général, M. Balmand. Il suffit de le répéter.

Mme Saliou semble croire que les propositions de M. Mélanchon seraient les premières depuis des décennies à écorner la liberté d’enseignement, ce qui est loin d’être exact. Mais elles touchent au seul point sensible : l’argent. L’enseignement sous contrat est prêt à tout accepter, les programmes les plus contraires à la doctrine catholique et les réformes les plus funestes, pourvu qu’on le paie pour cela.

De la loi Debré, Mme Saliou dit qu’elle « a permis à l’Etat d’assurer la scolarité de tous les jeunes Français » et « d’assurer une liberté de choix ». Liberté pour ceux qui acceptent de se plier aux programmes édictés par le ministère. Mais pas pour ceux qui s’y refusent, comme ils en ont le droit : il est donc abusif de prétendre que cette loi assure la scolarité de « tous » les jeunes Français.

Mais c’est peut-être dans l’autre sens qu’il faut lire cette phrase qui, si l’on y prend garde, est curieusement rédigée : « Elle a permis à l’Etat d’assurer la scolarité de tous les jeunes Français. » Et il est bien vrai que, grâce à cette loi et à la diligente servilité du secrétariat général et de l’Apel, l’État a enfin pu soumettre à son emprise et à sa propagande toute une partie de la jeunesse qui y avait échappé jusqu’alors. Elle avoue d’ailleurs que la loi Debré assure une liberté, et non la liberté de choix. Choisir, oui, mais parmi des établissements qui ont tous le même programme, les mêmes horaires, les mêmes méthodes.

La suite confirme l’exactitude de cette lecture : « Ainsi, les écoles associées par contrat participent au service public d'éducation… »

Mme Saliou se garde d’invoquer le principe de liberté d’enseignement. Surtout pas ! Car cela amènerait à parler de l’enseignement hors contrat qui se développe à grande vitesse et qui échappe à l’emprise administrative, idéologique et financière du secrétariat général. Et elle conclut : « Soyez donc certains que l’Apel continuera à veiller avec vigilance à la sauvegarde de ces textes législatifs si importants. » Ainsi, les choses sont claires : ce qu’elle compte défendre, ce n’est pas la liberté des école ni celle des parents, c’est la loi Debré. Normal : c’est son fonds de commerce.

Lien permanent Catégories : Apel, Loi Debré (1959), Saliou (Caroline) 0 commentaire Imprimer

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