M. Casoli, nommé à la tête du nouveau groupe scolaire né de la fusion des établissements de Rignac et Montbazens, a été soudain démis de ses fonctions, sans que les parents soient avertis des raisons de ce licenciement. On l’a accusé d’une « faute grave ». Quelle était cette faute, que personne, parmi les parents d’élèves en tout cas, n’avait aperçue ? C’est ce que nous allons essayer de découvrir.
Troisième épisode
M. Casoli, venu de Lille pour prendre la direction des collèges Saint-Géraud de Montbazens et Jeanne d’Arc de Rignac, se vit en même temps confier une mission administrative délicate, surtout pour un chef d’établissement débutant. Il s’agissait de parachever la fusion de trois organismes : le lycée agricole de Rignac, l’O.G.E.C. de l’école et du collège Saint-Géraud de Montbazens, et l’O.G.E.C. de l’école Saint-Joseph et du collège Jeanne d’Arc de Rignac.
Cette fusion traînait depuis quelques années. De plus, en 2015, un décret a modifié les modalités des fusions d’associations : pour permettre l’opposition éventuelle des créancier, il faut désormais publier des annonces officielles trente jours avant les assemblées générales extraordinaires des associations concernées, qui sont au nombre de trois dans le cas qui nous occupe.
Or, en consultant la publication de ces annonces, datant du 6 juillet 2016, on s’aperçoit que les dates des conseils d’administration sont identiques à celles des assemblées générales : les présidents des O.G.E.C. ont signé les documents tels quels. Manifestement, M. Casoli a fait rectifier cette erreur quelques jours plus tard par des annonces modificatives. Le résultat est qu’elles ont paru un jour trop tard.
On a donc rendu M. Casoli responsable de l’échec de la fusion. Il s’est même vu accuser d’une grave erreur. L’O.G.E.C. a porté plainte contre lui (apparemment, sous la juridiction de M. Bauquis, le mode procédurier est répandu). Cette plainte a été dévoilée aux familles mais, de toute évidence, il n’y a pas eu de suites. Ce n’était donc pas si grave. Néanmoins, au mois de février, M. Casoli a été licencié pour « faute grave ». Cette erreur de date était-elle vraiment grave, ou l’a-t-on ainsi qualifiée pour les besoins de la cause ?
En tout cas, le 24 mars, M. Casoli a été reçu par une commission de conciliation, et la teneur de cet entretien reste confidentielle. Toutefois, des échos venus de la direction diocésaine elle-même semblent reconnaître que conciliation il y a eu. Il est impossible d’en deviner les termes, mais on peut supposer qu’un accord a été trouvé. Or, si vraiment il y avait faute grave, pourquoi a-t-on dû parvenir à un accord ?
Si vraiment empêcher ou retarder la fusion des trois établissements était une chose grave, la direction diocésaine et ses serviteurs auraient dû n’avoir de cesse de que de la réaliser enfin. Or, il semble que la situation juridique des trois établissements concernés reste floue. Si l’on veut consulter le site de Saint-Géraud, on est renvoyé sur celui de Jeanne d’Arc. Et là, il est indiqué que le directeur de la publication du site est toujours M. Casoli ! Le site de la mairie de Rignac indique bien Mme Prunet comme directrice du lycée agricole, mais toujours M. Casoli comme directeur du collège Jeanne d’Arc. Bizarre !
Ce n’est pas tout. Si les assemblées générales extraordinaires validant la fusion ont bel et bien eu lieu, il ne devrait plus exister qu’un seul O.G.E.C., celui de l’ensemble scolaire catholique Rignac-Montbazens. Or, quand on consulte les données de l’I.N.S.E.E. (mises à jour le premier de chaque moi), on y trouve toujours les trois entités, chacune ayant conservé son propre numéro d’immatriculation (S.I.R.E.N. et S.I.R.E.T.). Qu’est-ce à dire ? Que cette fusion, annoncée dans la Dépêche du Midi dès septembre 2016, avec une photographie des présidents des trois O.G.E.C. signant ensemble un « traité », n’a toujours pas eu lieu ? Mais si elle n’est toujours pas faite et que nul ne s’en rend compte, c’est qu’elle n’avait peut-être rien de si urgent. L’avoir retardée ne saurait par conséquent être une « faute grave ».
On peut même se demander si le lycée agricole de Rignac a bien fait paraître les annonces légales nécessaires. En tout cas, elles sont introuvables pour l’instant. Or, la directrice de ce lycée, Mme Prunet, grande amie, dit-on, de M. Bauquis, a été nommée par celui-ci directrice du groupe scolaire en lieu et place de M. Casoli. Nul n’ignore qu’elle en mourait d’envie, et cette ambition était légitime, du moins jusqu’à un certain point. Mais si elle n’avait pas accompli les formalités nécessaires, on ne voit pas pourquoi une erreur serait considérée comme une « faute grave » de la part de M. Casoli, et pourquoi une négligence analogue de la part de Mme Prunet ne le serait pas.
A certains parents d’élèves, M. Roumégous, responsable des tutelles à la direction diocésaine, a d’ailleurs dit que M. Casoli avait aussi rencontré des difficultés de relations humaines. C’est peut-être vrai. Avoir une directrice du lycée qui brigue votre place, ça n’a rien de confortable ! Mais à quoi bon laisser entendre une chose pareille ? La « faute grave », si elle existe, et si elle n’est pas un simple prétexte, se suffit à elle-même. Quand, à une raison, on se croit tenu d’ajouter une autre, c’est que cette raison n’est peut-être pas aussi valable qu’on le prétend. Et si elle est sans valeur, c’est qu’il en existe une autre qu’on ne veut pas dire.
A l’arrivée de M. Casoli, le bruit courait que Saint-Géraud de Montbazens allait fermer, et que les élèves seraient transférés à Rignac. Or, M. Casoli avait déclaré qu’il ne serait pas l’homme de la fermeture de ce collège. Il a si bien œuvré dans ce sens qu’aucune classe n’y a été fermée, et qu’il compte même quinze élèves de plus. On aurait dû l’en féliciter, car la lettre de mission que l’évêque lui avait adressée lui donnait pour tâche de le préserver. Mission accomplie, donc.
Mais souhaitait-on vraiment qu’elle fût accomplie ? Certes, ces fusions d’établissements (dont les directions diocésaines sont friandes) sont toujours présentées comme étant au service des élèves et des parents. Mais elles s’accompagnent aussi d’opérations immobilières dont il est rare qu’on expose le détail aux intéressés. Ainsi, à Rignac, le collège a déménagé dans les locaux du lycée, ce qui a permis de libérer des bâtiments pour l’école Saint-Joseph, qui a elle-même abandonné ses locaux… pour quel usage futur ? De même, l’école maternelle de Montbazens, qui occupait un ancien couvent à présent mis en vente, s’est installée dans un ancien cinéma. Et les locaux du collège Saint-Géraud qu’on s’attendait à fermer, que comptait-on en faire ? A quels projets a-t-on dû renoncer à cause de cette absence de fermeture ?
Voilà quelques questions auxquelles il sera difficile de répondre tant que la direction diocésaine restera drapée dans le silence. En attendant, beaucoup de parents regrettent le départ de M. Casoli, et même espèrent son retour. Si ce retour est impossible, il faut le dire, et expliquer pourquoi. Sans quoi les questions resteront sans réponse, ce qui n’est jamais bon.