On sait que, pour M. Balmand, le « caractère propre » de l’enseignement catholique se résume à un article unique : être ouvert à tous. Comme Musset l’a dit, « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ». Mais cette fois M. Balmand, qui ose tout, va encore plus loin. Il affirme dans sa conférence de rentrée qu’il faut être « encore plus ouvert à tous ». Qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?
Etre « ouvert à tous » n’est pas dans la nature même de l’enseignement catholique. C’est une concession imposée de l’extérieur, par la loi de 1959, en échange de subventions. Les écoles catholiques sous contrat sont désormais ouvertes à tous. Je laisse chacun juge des résultats. Mais une fois ouvert à tous, à qui s’ouvrir pour l’être « encore plus » ?
La plupart des parents optent pour l’enseignement privé pour éviter que leurs enfants ne soient noyés dans la « diversité ». Il suffit de passer quelques minutes sur le trottoir de la rue de Vaugirard, à mi-chemin entre l’Ecole normale catholique (devenue le lycée privé Blomet) et le lycée Buffon, pour s’en convaincre. Il est donc peu probable que M. Balmand ne souhaite faire entrer en masse les jeunes des banlieues dans les élégants établissements de centre ville. Ce ne serait pas bon pour les affaires.
L’autre raison de choisir le privé, c’est de rechercher un meilleur niveau. On en revient à peu près au même point : ce n’est pas aux élèves en difficulté que M. Balmand veut s’ouvrir « encore plus ».
A qui, alors ? On peut en avoir un indice en observant la mode qui s’est répandue de remplacer dans les formulaires les mots « père » et « mère » par les expressions « parent 1 » et « parent 2 ».
Quand j’évoque ce point, beaucoup me répondent que ça n’a aucune importance. Mais si ça n’a aucune importance, pourquoi le faire ? Et si ça n’a aucune importance, pourquoi refuser obstinément de restituer aux parents leurs qualités de « père » et de « mère » quand ils le réclament ?
Dans une organisation aussi touffue et que celle de l’enseignement sous contrat, les modes qui se répandent ne le font pas par hasard. Les mots sont des « éléments de langage » dont il ne faut pas douter qu’ils sont choisis avec le plus grand soin.
En prônant une école « encore plus ouverte à tous », M. Balmand annonce que l’enseignement catholique ne fera rien pour entraver l’adoption de la gestation pour autrui ni de la procréation médicalement assistée « pour tous ». Il n’y aura pas même dé débat, pas plus qu’il n’y en a eu lors de l’adoption du « mariage pour tous ». Quelques établissements ont dérogé à cette règle, ils en ont été punis, tel M. Chapellier à Stanislas.
Rien ne sera fait pour rappeler que toutes ces « lois sociétales » sont gravement contraires à l’anthropologie chrétienne et à la morale catholique, même ramenée aux vagues « valeurs » évoquées dans les projets pédagogiques, histoire de rassurer les rares hurluberlus qui voudraient qu’il y ait quelque chose de catholique dans les écoles catholiques.
En affirmant vouloir être « encore plus ouvert », M. Balmand rappelle que jamais et nulle part l’enseignement sous contrat ne s’opposera à la propagande officielle. Et pas par esprit de neutralité, car il relaie déjà avec complaisance la propagande contre l’« homophobie » qui s’étale à pleines pages dans les manuels d’instruction civique.
Mais cela, le gouvernement le sait. M. Balmand s’adresse donc en même temps à de futurs clients. Car si la G.P.A. et la P.M.A. existent (et elles existent, quoique interdites par la loi), il va bien falloir que les enfants concernés aillent à l’école. On peut supposer que M. Fogiel et ses semblables, après avoir dépensé tant d’argent pour acquérir des enfants, auront à cœur de leur offrir une éducation soignée. Donc, pas dans une école comportant trente nationalités et une moitié d’élèves musulmans. Autrement dit, dans l’enseignement privé. Qui sera donc ouvert à tous, mais pas à n’importe qui.
Et surtout pas à la morale catholique.