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Pharisaïsme ou apostasie ?

A force d’usurper tous les droits, le secrétariat général a édifié un système opaque qui exerce tous les pouvoirs. Tous, sauf un : définir le « caractère propre » et s’assurer que les écoles qui portent l’étiquette « catholiques » le sont bel et bien. Les directeurs dit diocésains, devenus les subordonnés d’un secrétaire général qui ne devrait pas exister, ont oublié leur devoir premier et essentiel. En tant que délégués de leur évêque, ils ne sauraient exercer qu’un seul pouvoir : dire si une école est catholique ou non. C’est ce qu’ils ne font pas.

Petite histoire d’un renoncement (7)

Dire qu’une école sous contrat n’est plus catholique est devenu difficile, sinon impossible. Comme ce sont les directions diocésaines qui pré-écrivent les projets pédagogiques, nomment les directeurs, répartissent les professeurs, les forment, gèrent leurs carrières, ce serait l’aveu de leur propre échec. C’est aussi pourquoi on se garde de donner un sens précis et vérifiable à l’expression « caractère propre ».

C’est pourquoi on ferme les yeux quand un établissement installe à demeure des représentants du Planning familial. Ou quand le catéchisme disparaît au profit d’une vague pastorale, ou même de rien du tout, et que l’aumônier est mis à la porte sous prétexte que « les parents ne sont pas là pour ça ». Ou quand le journal du lycée fait la propagande du « mariage pour tous ». J’en passe, et des meilleures.

Que se passerait-il si l’un des établissements historiques de centre ville, de ceux qui font gonfler les chiffres des effectifs dont on se gargarise, de ceux qui permettent d’afficher des taux de réussite flatteurs aux examens, de ceux qu’on fait grossir à coups de fusions-acquisitions, se voyait privé de l’appellation « catholique », devenue une marque déposée et une enseigne commerciale ? Que de beaux postes en moins pour ceux qui rêvent d’y terminer leur carrière !

L’imbrication des organismes et des financements rendrait la séparation compliquée, puisque la direction diocésaine prélève et redistribue, puisque les emprunts sont gagés sur l’existence d’un nombre suffisant d’élèves. Et quand la direction diocésaine s’est rendue propriétaire des locaux, que ce sont ses organes qui nantissent et empruntent, renoncer à la tutelle sur un établissement n’est plus un cas de conscience : c’est un manque à gagner.

En cessant d’être un corps pour se transformer en administration, l’enseignement sous contrat s’est condamné à l’apostasie. Ce n’est plus le fait d’être catholique qui permet de faire partie de l’enseignement catholique ; c’est le fait d’être affilié au secrétariat général et emmailloté dans son cocon bureaucratique et financier qui garantit d’être considéré, par principe et sans vérification, comme catholique, et qui permet d’afficher le logo de la firme au-dessus de la porte.

Pourtant, certaines écoles hors contrat sont reconnues comme catholiques par leur évêque. Ainsi l’institution Saint-Louis, dans le diocèse d’Avignon. Et aussi – cas moins connu – l’école Saint-Jean-Bosco, à Paris. Une nouvelle école catholique, ce devrait être une heureuse nouvelle. Y compris pour les établissements sous contrat, dont les listes d’attente s’allongent. Une nouvelle qui aurait dû faire la une de Famille et Education, qui n’en a pas soufflé mot.

Mais le secrétariat général a tant fait pour prouver qu’on pouvait être catholique malgré les obligations des contrats, qu’il a fini par prétendre qu’on ne pouvait pas l’être sans s’y soumettre…

De plus, les écoles hors contrat choisissent elles-mêmes leur directeur et leurs professeurs. Elles n’appliquent pas plus les directives fumeuses du secrétariat général que les programmes officiels. Et elles grossissent à vue d’œil. Bas bon, ça. Ça pourrait donner des idées aux établissements sous contrat qui, après tout, pourraient les résilier. Ou se mettre à recruter leurs professeurs directement auprès du rectorat, comme la loi le prévoit. (Certains le font : c’était le cas de M. Chapellier, à Stanislas, et ce fut l’une des causes de son éviction.)

Toutefois, les temps ont changé depuis l’époque où M. Mirieu de Labarre, secrétaire général, ne manquait pas une occasion de faire peser sur le hors contrat des soupçons d’intégrisme, voire de sectarisme, et de médiocrité. La prudence est désormais de mise. Le silence a remplacé la médisance.

On me dit quelquefois que les problèmes seraient transitoires, qu’une nouvelle génération allait prendre les commandes, et que tout irait mieux demain. Mais les parents ne peuvent pas attendre. C’est maintenant qu’ils ont besoin d’écoles pour leurs enfants. C’est maintenant que les écoles catholiques appliquent les funestes réformes qui les ruineront. C’est maintenant qu’elles se préparent à se plier aux injonctions de « mixité sociale » du ministère.

Si les écoles vraiment libres offrent si souvent un visage plus authentiquement catholique que les écoles sous contrat, ce n’est pas qu’elles soient fondées et dirigées par des saints, ni même par des gens plus futés que les autres. C’est parce qu’elles ne sont pas soumises à une administration dont l’activité première est la gestion des carrières et du patrimoine immobilier.

Dans l’enseignement sous contrat, ce n’est pas toujours la bonne volonté qui manque. C’est l’organisation qui est vicieuse. Quand l’organisation est bonne, il y a toujours des choses qui ne vont pas, mais on les corrige. Quand elle est mauvaise, il y a toujours des choses qui vont bien. Mais ça ne dure pas.

 

Lien permanent Catégories : Contrats, Direction diocésaine, Hors contrat, Mirieu de Labarre (Eric), Secrétariat général, Stanislas (Paris) 0 commentaire Imprimer

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