Le moins qu’on puisse dire est que les arguments avancés par la direction diocésaine pour justifier le « déplacement » du collège Sacré-Cœur de Sévérac à Laissac (déplacement qui, en clair, est une suppression), ne sont pas très convaincants. Ils n’ont d’ailleurs pas convaincu les opposants – c’est-à-dire qu’ils n’ont convaincu personne.
Deuxième épisode
Le souci de l’aménagement du territoire manifesté hors de propos par M. Bauquis diffère de l’idée que s’en font les élus. La Dépêche du Midi indique que ceux-ci défendent le maintien du collège, et que les conseillers municipaux ont voté à l’unanimité une motion dans ce sen
M. Bauquis s’appuie sur les travaux d’un « comité de pilotage », destiné à donner une illusion de compétence et de pluralisme. L’O.G.E.C. et l’Apel ne s’y sont pas trompés : « Que dire de cette (soi-disant) commission […] composée de personnes validant a priori le transfert ? » écrivent-ils. M. Bauquis ne cite que lui-même quand il cite le rapport de ce comité ad hoc, qui est un chef-d’œuvre de concision puisqu’il compte… une seule page !
De leur côté, l’O.G.E.C. et l’Apel ont rédigé un rapport de cent cinquante pages dont il ressort, pour s’en tenir à la démographie, que « les effectifs devraient repartir à la hausse dès 2018 », selon Centre-Presse ; et la Dépêche rapporte : « On nous annonce […] une moyenne de 120 élèves à Laissac alors qu’ici, sur quinze ans, la moyenne des effectifs n’a jamais dépassé 100 élèves, sur un territoire pourtant bien plus important. »
Mais parlons de la journée du mardi 27 janvier, racontée par la Dépêche, qui la qualifie de « surréaliste ». Sœur Anne-Marie Gladin et M. Lachet étaient venus annoncer, au nom de la tutelle, la décision de « déplacer » le Sacré-Cœur. Pendant ce temps, à Rodez, cette décision était « signifiée » à M. Majorel, président de l’O.G.E.C., et à Mme Berlaguet, présidente de l’Apel ; et « donnée en amont aux journaux », par conférence de presse, « avant même que les personnels, enseignants, parents et, accessoirement, enfants, n’aient été informés ».
« Les membres du C.O.D.I.E.C. auraient délibéré à l’unanimité en faveur du transfert du collège vers Laissac », signale la Dépêche. Pas étonnant, puisque secrétaire général du C.O.D.I.E.C. n’est autre que le directeur diocésain ! Le C.O.D.I.E.C., lit-on sur le site de la direction diocésaine, met en œuvre « les orientations générales de l’enseignement catholique ». Mais en quoi l’existence du collège Sacré-Cœur est-elle contraire à ces orientations générales ? N’est-ce pas une question particulière, qui devrait être discutée non pas au sein du C.O.D.I.E.C. mais, par exemple, entre celui-ci et l’O.G.E.C. d’une part et l’Apel d’autre part ? A supposer même que la direction diocésaine ait le droit de vie et de mort sur tel ou tel établissement.
Pour les directions diocésaines, le mot « général » n’est pas le contraire de « particulier » : c’est un mot par lequel elles se donnent le droit de se mêler de tout et de décider de tout. Et quand elles tombent sur des parents qui ont compris qu’il s’agissait d’« une lubie fondée sur rien mais ficelée dès le départ », que se passe-t-il ? « Prétextant être “pris en otage” devant la trentaine de parents présents aux côtés des élus, des responsables de l’O.G.E.C. et de l’Apel, M. Lachet et sœur Gladin repartaient sur Rodez, refusant catégoriquement toute discussion », rapporte la Dépêche. Du reste, à quoi bon discuter d’une décision déjà « signifiée » au président de l’O.G.E.C. et annoncée à la presse ?