Le joug que le secrétariat général de l’enseignement catholique fait peser sur les établissements sous contrat ne repose que sur du vent. Il est temps de dégonfler cette baudruche. Ce sont sans doute les écoles hors contrat qui s’en chargeront… sans même le faire exprès. L’étonnant soutien que M. Balmand vient de leur apporter en est un signe.
On connaissait l’enseignement privé sous contrat, appelé « enseignement catholique », et l’enseignement hors contrat qui, selon l’expression malveillante de M. Mirieu de la Barre « se prévalent d’un caractère catholique ». Le second est, depuis longtemps, un clou dans la chaussure du secrétaire général. Un clou de plus en plus gros. Et assez pointu pour percer faire éclater cette baudruche.
Car il existe désormais des écoles reconnues comme catholiques par l’évêque du diocèse, et qui sont tout de même hors contrat. Par exemple, le collège Saint-Louis, dans le diocèse d’Avignon. Ou encore l’école Saint-Jean-Bosco, sur la paroisse Saint-Jean-Baptiste de la Salle, à Paris. Et ce n’est qu’un début.
Ces écoles recrutent leur directeur et leurs professeurs comme elles l’entendent, sans être exiger les diplômes de l’éducation nationale ni passer par les fourches caudines du préaccord collégial. Pourtant, on peut les qualifier de « diocésaines ». Comme je trouve ce mot impropre, puisque l’enseignement en tant que tel (sauf bien sûr l’enseignement religieux) n’est pas une prérogative de l’évêque, je dirai plutôt qu’elles sont reconnues par l’évêque comme appartenant à la communion catholique. Ce qui empêche désormais le secrétaire général et le président de l’Apel de laisser entendre qu’elles ne sont qu’un ramassis de passéistes, d’intégristes, de fanatiques et de maniaques.
Mais surtout, cette reconnaissance prouve qu’une école peut être catholique sans appartenir à l’« enseignement catholique » administré par le secrétariat général. Elle prouve que le sacro-saint statut de l’enseignement n’est qu’un chiffon de papier. Car s’il tenait sa légitimité d’un article quelconque du droit canon, il s’imposerait à toutes les écoles catholiques, sous contrat ou non.
Par conséquent, la nomination des directeurs par la direction diocésaine est un abus. Le tri des professeurs par la direction diocésaine est un abus. Les directives publiées par le secrétariat général et les directions diocésaines sont des abus. L’ingestion et la digestion des responsabilités de toutes les parties prenantes au sein des C.O.D.I.E.C. est un abus. L’existence d’une administration centrale de l’« enseignement catholique » est un abus.
Ou alors, il faut d’urgence soumettre les écoles hors contrat concernées à toutes les contraintes que je viens de citer.
En prenant la défense des écoles hors contrats, M. Balmand a cherché à redorer un blason sérieusement terni, mais aussi à camoufler le fait que son pouvoir ne repose sur aucune autorité. Il reste une échappatoire : ce serait de faire tomber dans ses filets, d’une manière ou d’une autre, les écoles hors contrats (quitte à leur laisser une certaine autonomie). Ce serait le seul moyen de justifier encore l’adjectif « catholique » accolé aux mots « secrétariat général ».
Quand M. Chapellier était directeur de Stanislas, il ne se privait pas pour recruter les professeurs directement auprès du rectorat, comme la loi le prévoit, et sans se soucier du fameux préaccord collégial. Il faut voir là une des causes de son éviction au profit… du directeur diocésain lui-même, M. Gautier. On n’est jamais si bien servi que par soi-même ! D’autres établissements pourraient se rendre compte que rien ne les oblige à obéir à la direction diocésaine. Refuser de le faire ne serait pas une révolte contre l’évêque lui-même. Pire encore : prenant goût à la liberté, certains pourraient avoir l’idée de dénoncer ces fameux contrats.
Autre danger qui menace : que des évêques cessent de reconnaître comme catholiques certains établissements, qui sont en état d’apostasie. A quel titre, dès lors, continueraient-ils de relever de ce secrétariat général ?